Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

mercredi 16 décembre 2009

from the outside world

Reason has left the table of negotiation. Participation has never seemed so precious and the impossibility of closeness so bitter. The will to be a part of it, when "it" is getting smaller and smaller everyday. From here, nothing's happening, in there too much is happening. But this is much noise for nothing. A beautiful window of animated figures of no concrete matter.
It all boils down to power, cooperation is a dying illusion, a firework dimming far above my head, as the new source of light seems tainted and corrupted.
One word left : masquerade!
And what I weep and grieve may not be the mystified earth, the cruelly changing climate, but the human disability to be Fair, Ambitious, and Binding...together.

dimanche 13 décembre 2009

collision

Dans mes déambulations à Buenos Aires j'avais ressenti un lien avec Beyrouth. Une perception étrange alors que les langues divergent, et les expériences aussi.
Puis l'idée s'était envolée, le Paris du Sud était devenu un voyage dissocié d'autres souvenirs, et Beyrouth ma ville de résidence, d'origine, ce familier étrange dans lequel je ne suis pas (non plus) chez moi.

Ca a été une musique, un pavé, un trottoir, un rythme posé, sur lequel on cale sa marche et sa danse. L'agressivité contenue de Gotan Project qui a retenti dans mes oreilles alors que je me faufilais entre des voitures trop pressée. Un mois de danse tous les jeudis, seule ou accompagnée, pour découvrir comment s'exprimait ici les tangueros. Un mélange soudain de cultures si proches et si différentes. Le face à face déjà vécu ailleurs de la nouvelle danseuse et du groupe déjà formé, rodé à ses figures et ses codes de langage.

Collision. Parce que c'est ainsi que j'ai dansé le tango ici, dans une agressivité mesurée pour maintenir son territoire d'expression dans une façon de danser invasive.
Le parallèle est un peu facile mais je me permets de le tracer car il est bien réel : le tango, la défense de ma manière de le danser s'est fait métaphore de mon vécu de mon intégration ici. La nécessité d'un terrain de coopération (sinon la danse est impossible) mais le maintien d'un style pourtant incompatible a priori avec celui du partenaire. Et dans leur danse il y a quelque chose de cette mentalite indefinissable qui ne me correspond pas : a la fois entreprenant par show-off et fuyant par nature, la danse est ambitieuse mais les regards sont baisses et vaincus, la technique est affirmee et le style est timide...

Pour la danse j'ai été découragée, le mélange ne me plaisait pas. Une incompréhension, celle de ceux qui savent parler la même langue mais ne savent pas s'écouter.

Mais ces images de couples qui tourbillonnent sur une musique d'ailleurs dans ce restaurant traditionnel me restent, des soirées marquantes et pleines, un accord dissonant sur une palette de couleurs, des entités qui se repoussent pour à nouveau se rencontrer dans une collision inévitable des genres opposés.

mardi 1 décembre 2009

rue étatique, rue bi-étatique, rue partisane, rue publique

Je cite
"La rue étatique : les rues dans certaines villes arabes sont envahies par un Etat omniprésent [...] Alors c'est partout dans la rue, sur les enseignes des magasins, les balcons des immeubles, et en toute période de l'année, des slogans et des portraits politiques. La rue devient propriété exclusive du régime et des gouvernants, symbole tangible de la toute puissance de l'Etat"

Ici surgit l'image des souks de Damas avec le portrait du père ou du fils qui surplombe les échoppes, les rues de l'URSS et leurs statuts évocatrices du pouvoir en place, les carrfours marocains avec le roi qui s'affiche...

Et pourquoi pas le Liban? Dans la continuité du message publié hier, j'ai d'abord pensé à la rue libanaise bi étatique, où se cotoient les portraits des dirigeants du Hezbollah, leurs slogans en arabe, et les batiments publics de l'Etat libanais, les drapeaux, les mairies, les commissariat et les barrages et partout sur pancartes officielles l'arabe et le français.

Puis sont revenus d'autres détails qui disent autre chose des rues d'ici. Front d'une guerre de batailles politiques tant qu'elles ne sont pas armées, la rue libanaise est envahie par les partis. Chaque espace est à la fois à conquérir et à violer. Le droit de propriété ici favorise cela, puisque le propriétaire fait à peu près ce qu'il veut sur ses terres. Alors comme je le disais déjà, tel rond point prendra le logo de tel parti, tel coin se verra couvert d'affiches de tel leader, et les quartiers bien que juxtaposés et reliés entre eux ne mélangeront pas leurs appartenances politique et religieuse. Alors cet espace public partisan deviendra lieu d'affrontement d'affirmation identitaire d'un autre genre : l'espace visuel occupé on se rabattra sur l'espace sonore, chaque parti ayant sa mélodie ; le fixe n'étant plus amovible, le mobile se couvrira de signes d'appartenance, et les voitures de porter leurs objets religieux et les taxis leur quartier de provenance...

Et le contraste se creuse avec la rue publique européenne qui se divise entre communautés d'utilisateurs (vélo, piétons, automobilistes) ; espace d'affichage public (je pense notamment en période d'élections à ces panneaux qui assurent le pluralisme et la possibilité de chaque parti d'occuper un espace égal) ; et espace d'informations venant de l'Etat (signalisation, noms de rues...)au service de tous.

Une fois que ces rues qualifiées, on réalise que tant de détails dépendent de cela. L'absence de signalisation par exemple dit l'absence de l'Etat, les points de repères (enseignes privées) que l'on donne au taxi révèle l'inexistance de cette fameuse chose publique. Ce rien, cette évidence, qui fait la république.

dimanche 29 novembre 2009

Imaginez

Vous êtes un thésard en géographie. Vous travaillez sur les paléoenvironnements (aka, si j'ai bien compris, la détermination de l'histoire sismique du Liban par l'observation sur des sites remarquables des traces laissées dans les couches géologiques par les événements successifs). Une thèse en géographie, c'est un terrain, encore plus que dans une autre discipline je pense.
Votre thèse vous la réalisez en co-tutelle, c'est à dire ici dirigé par un chercher français à grenoble et un chercheur libanais. Du coup sur vos trois années de thèse vous passez un certain temps en France.
Plein coeur de la deuxième année. Depuis plusieurs mois vous préparez votre terrain, déterminer les sites, demandez les (très nombreuses) autorisations, suivez le lancement du projet de plus grande envergure dans lequel s'inscrit votre thèse (qui lui prend du retard...comme tout projet de grande envergure ou comme tout projet libanais...ou d'autant plus de retard qu'il est les deux.)
Vous êtes courageux, vous, vous faites tout dans les temps. A la rentrée 2009 vous commencez à parcourir vos trois sites : trois grottes à trois points différents du Liban : Nabra et Chatawi, Jeita (très connue et gigantesque), et une troisième que je ne connais pas.
Nabra et Chatawi se situe sur une propriété privée, dans le Sud du pays. Territoire controlé par le Hezbollah, le propriétaire doit avoir qq affinités politiques avec eux, puisqu'un camp d'entrainement est installé là bas sur ce qui était avant une très belle ferme.
8 chiens gardent l'entrée, pour un civil, qui a les clés de tout (des maisons abandonnées où l'on vous laisse camper à la grille qui ferme l'entrée de la grotte). A chaque expédition il faut l'appeler avant, lui et le propriétaire, puis en arrivant, puis en partant.
Thésard prévoyant vous remplissez ces formalités à chaque fois avec une politesse à vous faire mal au dos de courbettes. Ce weekend également. Pour arriver dimanche et en finir avec cette grotte où vous avez passé des heures et des heures de votre vie, il vous faut venir relever quelques mesures de coupes, dessiner des profils, vérifier votre carto terminée, vous avez appelé et vous êtes vu assurer l'entrée.
Qu'à cela ne tienne, vous mobilisez votre équipe pour décoller de Beyrouth à 6h45 un dimanche matin. Deux accolytes se portent volontaires et viendront manier le dysto et l'appareil photo.
9h15 au bout de la route de pierres, vous arrivez récupérer les clés. Les chiens vous accueillent. Attente dans la voiture. On arrive enfin pour vous annoncer qu'on doit appeler qqcn. On vous le passe. Conversation en arabe (imaginez que vous la comprenez puisque vous etes thésard libanais).
Ce n'est pas possible de descendre dans la grotte aujourd'hui. On ne dit meme pas pardon. Comprenez, il y a entrainement. Weekend de fête sainte pour les musulmans, les forces armées du Hezbollah s'agitent dans le Sud? On vous remercie, vous ne descendrez pas la pente. Non vraiment, il y a entrainement.
Dans la voiture on plaisante, on propose de troquer les casques rouges contre les casques kakis et de s'entrainer avec eux...Mais vous le thésard vous regardez votre montre. 9h30, 3h que la journée est entamée et rien ne sera fait.
Vous voyez autre chose sur le cadran : le compte à rebours. Dans le cadre de la co-tutelle vous partez en France en janvier pour exploiter les données récoltées. Pas encore une grotte finie. Et un weekend plus ou moins perdu. Sans compter les heures de sommeil (ressource rare), les km de route (épuisants), le prix de l'essence (vous la payez très très très chère votre thèse), et plein d'autres riens qui s'entassent comme les armes des autres dont on parle plus haut.

Vous pouvez reprendre votre identité. Le thésard libanais la sienne. Et le site de Nabra et Chatawi les siennes géologiques et autres.

Au final la journée s'est finie dans d'autres grottes de l'autre côté du pays (pas le lointain Nord, juste au Nord de Beyrouth). Cavités non explorées, charmantes. Incroyablement sauvegardées aux milieux des immeubles de cette colline prisée qui a une vue sur la mer et un immobilier qui vaut de l'or. Topographie, et exploration, plusieurs heures pour des développement de qq centaines de mètres. On taira que Jeita fait 5000m, et on copiera le thésard dans sa décision de ne pas dramatiser.

En route vous remarquez le nombre de partis politiques qui s'affichent sur la voie publique : ce sont des fleurs sur le bas coté de l'autoroute qui forme le logo du Kataëb, les photos de tel ou tel leader de parti qui orne les villages selon leur appartenance, ou encore les terrains fermés en cas d'entrainement, les carrières de sables exploitées la nuit pour ne pas qu'un espion passant par là sache l'ampleur du revenu qu'elles représentent pour la puissante milice à qui l'exploitation a été confiée...Bref une conception assez particulière de la vie politique...
Imaginez ce que c'est alors être libanais. Si vous y arrivez, vous m'expliquerez.

mardi 24 novembre 2009

Un jour sans lumière

L'aube d'un matin sur la montagne. Air pur, reste de fraicheur de la nuit, premiers tirs des chasseurs ou du camp d'entrainement du Hezbollah situé juste à coté. Je nous prépare un nescafé sur le vieux réchaud amené pour l'occasion. (petit flash back sénégalais : lait en poudre, sucre et café dans un fond de tasse en plastique. La flamme bleu du réchaud aussi, qui évoquait cette chambre de widou sans autre lumière). On replie les draps étalés à même le sol. Tout rentre dans les sacs.

On sort nos casques, notre matériel de spéléo, on charge l'éclairage au carbure. Dysto, gants, combinaison semi imperméable. Quelques km à l'arrière d'une fourgonnette sur des chemins caillouteux.

Un petit ruisseau s'écoule vers une grille en fer déjà ouverte. On remplie d'eau le compartiment de notre système d'éclairage, et on fait claquer la molette sur nos casques. Nous voici équipées, avec une petite flamme sur la tête, qui sera pour les 6 prochaines heures notre seule source de lumière.

On quitte le soleil qui commence à chauffer les pentes. 8h du matin. L'expédition commence. Sensation étrange de s'enfoncer sous terre en ayant l'impression de grimper. On sait que l'on descend puisque l'air circule moins et qu'il fait étonnament chaud en comparaison avec la nuit glaciale que nous venons de passer. Pour retarder le moment où nous plongerons dans l'eau, nous traversons en opposition (pieds sur une paroi, dos appuyé sur celle d'en face) un des premiers couloirs. On parcourt le petit développement sur lequel nous allons travailler pour que j'en prenne connaissance. Il y a les pièges, le sol meuble et glissant, les pierres qui bougent, les prises cachées qui permettent de se hisser malgré le plancher qui glisse sous les pieds. La grotte est magnifique et la lumière jaune des flammes provenant de notre éclairage au carbure n'a rien des lampes frontales blafardes. Nous revenons sur nos pas, plongeons sans hésiter dans l'eau jusqu'à la taille. L'eau est à 13° mais ça ne semble pas si froid. On mesure les galeries à des points précis choisis pour les phénomènes géologiques dont ils portent des traces.
Ces galeries donnent une impression très contradictoire : un espace ressenti comme très réduit et pourtant la conscience de marcher au dessus de gouffres et de falaises. Le tout dans une lumière rare et une humidité feutrée.
On fait une pause au bout de deux heures, attendant d'entendre les voix de l'équipe qui doit nous rejoindre. Petit bout de chocolat. J'éteins ma flamme capricieuse (qui depuis qq temps bat la mesure dans un claquement qui a des airs de vacarme dans le calme des lieux) pour profiter du silence. Quelques minutes ou un peu plus, on entend des voix qui s'avancent et annoncent les 5 compagnons des prochaines heures.

Nous sommes sortis à 14h. épuisée pour ma part, j'aurai aimé m'allonger là et profiter du soleil déclinant pour sécher en douceur. Mais il fallait encore ranger toutes nos affaires, le matériel, charger la voiture...Quand nous avons repris la route, il faisait presque noir, les formes et paysages étaient difficiles à dicerner dans la pénombre environnante. Une longue journée s'était écoulée, mais sans que je réalise que les forêts environnantes avaient été balayées par la lumière d'un cycle solaire complet. Ces paysages restaient pour moi à l'état vague de fantomes de l'aube grisatre et de silouhettes découpées dans l'ombre du crépuscule.

Jolly Holiday!

Porté sur le parvis de l’aéroport, diner improvisé de bonnes choses récoltées pour l’occasion, toit n°1, 25° à l’ombre, jardin express, up down and up the hills again, marché mal négocié en arabe, déjeuner familial préparé avec amour, raouché, aub, hamra n°1, resto typique, bar alternatif, amis libanais, kneffé, café à l’université, ballade au soleil, expédition lowave, rivière de boue contre corniche branchée, galerie d’art de bord d’autoroute, tags, passage en arménie, Beyrouth en point cardinaux échec n°1, court métrage d’animation, discussions, rencontres n°1, toit n°2, danse au soleil, rires, Beyrouth en points cardinaux échec n°2, zaatar w zeit, hamra n°2, after school atmosphere, acte anti interdits et préjugés dans le centre ville chic, gastronomie libanaise raffinée, bar latino, mojitos n°1, danse n°1, verres offert par le barman, bar-couloir façon gemmayze, mojitos n°2, danse n°2, rencontres n°2, marche sous la nuit, prévision d’un retour.

Trois jours avec Stéphane.

vendredi 13 novembre 2009

et après?

Former un gouvernement c'était comme gagner Verdun : achever une bataille de longue haleine, qui a tant couté, mais qui ne détermine rien en elle-même. Cela laisse un gout amer, caractéristique en cette saison où l'on goute les premières olives nouvellement préparées. Deux jours de trêve, ou un peu plus, avant que les batailles ne reprennent, deux jours vides permis uniquement par le vague dans lequel flotte ce pays, si je peux me permettre encore aujourd'hui, non gouverné. Urgence il y a, tout le monde le sait, mais elle a été engloutie par les mois d'absence et de patience forcée. Que sont deux jours ou une semaine, quand les années n'ont pas apporté plus?
Demain ou plus tard, on recommencera à raccomoder le vieux manteau qui tombe en pièces. Peut être osera-t-on remplacer une manche ou chasser l'araignée qui s'y était installée. Mais qui penserait en tailler un nouveau?
Et les mites travaillent plus vite que les couturières...

mercredi 11 novembre 2009

émanations

Comme le ciel est gris! Ca donne un tout autre relief à la saleté qui parsème les rues. Les odeurs aussi deviennent insupportables, et donnent la nausée. Quand le temps se couvre sur Beyrouth, c'est toute la ville qui se fait poisseuse, recouverte par une immonde lumière et une chaleur visqueuse. Et dans cet air épais ne voyagent que les sons hargneux des chantiers qui creusent la terre, des voitures qui mangent l'espace et des avions qui menacent du ciel. Un petit air d'enfer, de métropole grouillante, affamée de ciment et de goudron brûlant.

Ironiquement, ce qui m'a fait écrire ce paragraphe, c'est la finesse qui semble, avec contraste, émaner de Paris. Hier Kurt Elling était en concert au New Morning. Le lustre de la culture, de la musique heureuse, florissante, épanouie et de la légerté. Le théatre, les concerts et le cinéma me manquent...Ou juste les gens qui connaissent, apprécient, et ne s'en gargarisent pas trop.

mardi 10 novembre 2009

bug

Juste pour prévenir que je dois avoir un problème avec mon ordinateur ou un programme quelconque: je ne peux pas laisser de commentaires sur mon blog...Pratique!
Du coup pour répondre aux questions :
- november rain : chanson des guns and roses, la citation elle est de Regina Spektor, et je l'avais utilisé pour parler du novembre canadien. Enfin ça ne vous intéresse surement pas, mais avoir des traces écrite de séjours ailleurs permet un souvenir d'une précision assez impressionnante. (non cam' ce n'était pas Pat, malgré ses solos à rallonge et ses pretty songs)
- oui oui ça parle français par ici. mais ces mots là sont partout : dans leur français et leur anglais autant que dans leur arabe. Je t'expliquerai tout ça quand tu arrives!!!

lundi 9 novembre 2009

tics de langage

des choses qu'on entend souvent par ici, onomatopés amusants ou phrases au sens significatif :

"uuuf" : aussi ridicule que cette exclamation puisse paraitre, c'est un grand leitmotiv du libanais qui parle français ou arabe. Ca exprime tout le désespoir des heures d'embouteillages et autres situations regrettable "uuuuf le nombre de voiture" "uuuuf tous ces jours à l'hopital" "uuufff le travail qui m'attend"...

"Pendant la guerre, blablabla...
- la guerre, laquelle?" : sans commentaire, on mélange les années et les guerres, repères temporels si réguliers qu'ils ne sont même plus fiables.

"akid akid" : le natürlich allemand, le bien sur français, le of course anglais. On s'y fait très vite...

"Je descends à l'université" : une faute de français propre aux libanais, puisque le verbe en arabe pour dire aller est le même que celui pour dire descendre. Donc mise à part que dans mon cas c'est vrai, vu que je descends du haut de ma colline pour aller à l'université, ça s'applique aussi pour les villages de montagne vers lesquels on monte ou les étages supérieurs.

"ya habibi"// "tohobârné" // "khayété": exclamation de la mamma libanaise pour le gamin qui vient de volontairement donner un coup dans son assiette, de la précieuse ridicule pour sa copine avant de faire tout un discours sur leur maquillage respectif,... Bref les expressions qui désignent les individus de cette tranche de population gâtée pourrie. Aussi un panel de mots qui veulent tous dire plus ou moins "mon/ma chéri/e". A prononcer avec la voix qui monte sur la dernière syllabe, pour les filles frolez le strident insupportable.

"C'est Beyrouth" : expression que j'ai apprise à l'équipe avec qui je travaille. En français c'est établi que ça désigne une situation bordélique. Je me demande d'où ça peut bien venir...

"Grand manitou" : toute personne en haut d'une hiérarchie : doyen, ministre, président, chef de département, recteur...Chacun ses adeptes et sa cour, chacun ses exilés et ses têtes de turcs.

"Service" : nom de ces taxis qui prennent plusieurs passagers selon leur destination et déposent au niveau des grands repères de Beyrouth (mes destinations : Sassine, Tobbiyé, Jdeydeh bel Galeries Khabbaz, Centre Ville, Gemmayze, Mustachfa Gitawi, Mono, Hamra tabaa'l HSBC). Prix : 2000 livres libanaises, soit un peu moins d'un euro. Au pluriel, on dit "servicén'". Comme beaucoup de mots français il se décline en arabe.

"wizara" : en arabe ça veut dire ministère, ce n'est pas sans rappeler un certain mot anglais, qui révèle la magie qui s'opère dans les institutions gouvernementales libanaises.

"tfadall" : en faisant sonner les "l". Un mot ô combien libanais, puisqu'il exprime l'invitation et est utilisé tout le temps. Pour accepter un passager dans une voiture, pour inviter à se servir d'un plat, pour faire passer devant soi, pour faire entrer chez soi, ... Un mot unique qui résume l'hospitalité d'ici.

mardi 3 novembre 2009

november rain

"that solo's awful long, but it's a pretty song" (ça ne vous rappelle rien?)

Goutte, filet, torrent, rivière, fleuve...Alors que l'altitude z diminue l'eau passe graduellement d'un de ces états à l'autre.

Ici la pluie est magique. Surtout celle-ci, la première de fin de canicule automnale. Tant attendue, ce n'est pas juste de l'eau. C'est un ciel, un vent, un bruit, un monde. Une déferlante de changements qui s'abattent sur la ville sans laisser le temps de s'ouvrir aux parapluies!

Elle s'amasse en nuages qu'on a eu le temps de voir arriver, de scruter, de craindre...et d'oublier. Un ciel uniformément gris (pas gris parisien, un autre gris), qui va avec le changement d'heure et sa compagne l'ampoule électrique. Puis c'est une averse, qui ne mouille ni ne refroidit pas plus qu'un arrosage automatique.

Ensuite enfle le vent. Un vent marin qui dégage un peu le ciel, pour finalement se vider de son sel, se calmer un peu et tourbillonner sous le plafond reconstitué de nuages.

Puis vient le bruit. Une explosion. La première m'a réveillée en pleine nuit, j'ai bondi de mon lit, et suis sortie au balcon chercher le foyer d'incendie. On pourrait revenir sur cette réaction qui dit quels souvenirs a réveillé ce bruit...mais ce n'est pas très intéressant. Revenons à nos nuageux moutons.
Le coeur battant devant la porte ouverte, une rafale la fait claquer. Je bondis à nouveau! je respire, sens la fraicheur dans l'air. Deuxième coup de tonnerre. Je le reçois avec un sourire, que le début de l'averse confirme. Et de là vacarme ininterrompu de trombes d'eau qui tombent, masquant les klaxons et autres bruits de la ville. Une continuité sonore apaisante qui me permet d'aller me recoucher.

C'est sur un autre monde que se lève le soleil. Au travers d'un voile de nuages qui continuent de pleurer à grosses gouttes, une lumière pale perce difficilement. Les verts sont plus sombres, les gris détrempés. Le long des pentes une cascade arc-en-ciel dévale sur le bitume, emportant les substances qu'a révélé la magie en gouttes. L'air se vide petit à petit de ses fumées, qui deviennent de visqueuses flaques noiratres. Et des monstres en forme de bouches d'égouts ouvrent des gueules béantes qui bouillonnent et font jaillir des rivières dans les rues bientot inondées. Traverser se fait sur des gués imaginaires ou en sautant dans les flaques. Je joue à la marelle avec les mares d'huile et les dépots d'essence dilués dans les torrents muticolores.

C'est un monde où je vis depuis une semaine coiffée d'anglaises de petite fille modèle.

samedi 31 octobre 2009

Dépaysement

Entrer - Sortir - Entrer à nouveau. Vous avez surement déjà eu cette impression en arrivant dans une pièce que vous connaissez bien, que quelque chose a changé. Vous êtes venus là souvent, vous avez observé les détails, vous les connaissez d'ailleurs. C'est un cadre décroché, une ampoule grillée, une photo en plus, un vide ou un plein, ou une autre lumière et son cortège métamorphe d'ombres.

C'est ainsi qu'il m'a frappé, le dépaysement à Beyrouth. J'étais entrée mille et une fois dans la ville en regardant mes pieds ou le ciel ou la rue ou chaque détail. Je les connaissais bien. Une familiarité gênante entre la ville et moi, comme un malaise entre deux personnes qui réalisent que la distance s'est creusée et qu'il reste si peu à dire.
De quoi pouvais je m'étonner? Je l'avais vu circuler cette ville ; parcourue, en voiture et même à pieds. J'y avais marché, acheté, vécu. Toujours eu des clés, des repères : le resto du quartier, la station d'essence qu'il faut indiquer au taxi, le cordonnier, le four [équivalent de nos boulangeries mais à disposition de chacun pour préparer ses manakiche (genre de pizzas au thym que les libanais mangent le matin)] où à 3ans je faisais des catastrophes en rigolant beaucoup, à 15ans on me proposait le fils pour un mariage prochain...

Alors c'était put être le ciel de ce jour là, la manière si particulière qu'a eu l'automne d'arriver, l'improbabilité de voir tomber une feuille jaunie par 28°, ou juste une manière d'appréhender finalement la ville dans son ensemble, avec une distance consommée à la France. Accepter la synthèse qu'a fait Beyrouth (et le Liban) de toutes les cultures qui l'effleurent.
C'était une question de laisser mon regard ployé aux changements et juxtapositions de la ville.

mercredi 28 octobre 2009

Saida (excursion du samedi 24 octobre)

[avis a la population, je tappe le premier message manuscrit qui attend dans mon cahier, mon oridnateur etant en panne les publications sont plus espacees. Desolee pour les accents et les apostrophes, je suis sur un clavier qwerty libanais]

Une autoroute qui tranche vers le sud a ete preferee a la petite route qui sillonne sur la cote. On passe un peu plus loin des plages et le paysage urbain qui s etale avec morosite a raison de mon envie de dormir.
Reveils vagues, sans souvenirs. La petite voiture roule toujours sans notion du temps qui passe. On a quitte les embouteillages et roule librement sur quelquechose qui doit etre un des grands axes de communications du pays.

Reveil enfin au son d un muezzin. Sur les terrasses qu on longe et le bord de mer des femmes voilees, des familles nombreuses, et seulement des hommes qui se baignent. On se gare facilement. A l evidence nous ne sommes plus a Beyrouth.
Un peu devant "se dresse" la citadelle (je dis "se dresse" car elle me parait bien petite), mon seul souvenir de la ville. Sauf mes narines, qui se souviennent : Saida et son odeur de poisson pas frais...Pas change!

La digue qui mene aux vieilles pierres est entouree d eau. La derniere fois, nous etions la a maree basse et nous avions traverse en evitant de regarder la vase, ses ordures et ses cadavres de poissons.

Ce sont les heures les plus chaudes de la journee et le contraste entre la lumiere refletee par les pierres claires et l ombre des vestiges de salles fait mal aux yeux. Le vertige de la fatigue...Helene et moi ne faisons pas les fieres.
On monte sur toutes les terrasses, regardant tantot la mer, tantot la ville, tantot le semblant de port industriel d ou provient un fracas permanent. Ballet de vieille ferraille et de pelleteuse rouillees. La scene vue d en haut fait sourire : le tas de branches d acier lachees en vrac sur le bateau ressemble aux montagnes de jouets que les enfants empilent pour mieux vider la caisse ensuite. Je prefere ne pas imaginer ou seront delestees ces ordures rouillees et bruyantes.

Sous cette chaleur les pas sont tres lents...trainants. Il faut dire que meme a ce rythme les decors, eux, passent rapidement. On se laisse guider, on erre dans la vieille ville. L odeur du port a laisse place a celle du narghile, du marchem du savon et du bois. Ateliers de menuisiers, charrettes de fruits, chats qui se faufilent, enfants qui gardent les boutiques. Plus de kitsch que de typique sur ces etales de la vieille ville qu on imagine tres bien parcourue par les touristes. Mais derriere chaque coin se cache le monde arabe, perdu a Beyrouth.

Cette expression ici ne fait pas appel aux images de grand luxe venues de Dubai et a la richesse des pays petroliers. Je parle du monde arabe des orientalistes, celui habite par les mouches les plus tenaces et un islam envoutant. Il est au detour d un balcon, d un terrasse, d une fenetre... A Damas et surtout Alep dans mes souvenirs.

Des heures a ce pas ralenti, a demander notre chemin a chaque coin pour faire chanter la langue. Et chacun de nous repondre en prenant plusieurs minutes pour etre sur qu au prochain coin nous ne serons pas perdues. Pourtant nous persistons dans le refus de suivre un chemin et finissons par ne nous reperer qu a notre guise et a la perspective sur la mer.

Repas de poisson (certainement charge en Mercure) puisque c est ici qu on le peche, riz au safran et amandes.

La fatigue reprend le pas sur l etonnement, les ambiances se melent. On continue l excursion vers un flanc de montagne. Couvent orthodoxe, icones dorees. Sobriete apres exuberancem desert apres fourmiliere. Puis maison en ruines perdue dans un champ d oliviers en etages. Cette fois en contrebas il n y a que la vallee, des villages et des pierres. Sentier de ronces dans lequel je me suis jetee. Premiere vue de verdure sans contamination regrettable. Trois plateaux d oliviers plus bas, la vue valait les cicatrices laissees par les epines : une falaise a pic dans un ocean vert. Aucune trace d automne sur ces arbres et ces pentes, si ce n est le brouillard qui loge en alternance sur une colline ou l autre.

mercredi 21 octobre 2009

Blues is on the town, and clouds too...

Ca va, mais des vieilles nostalgies qui reviennent, comme si je cherchais qqch auquel me raccrocher pour avoir une attache encore. C'est comme si ma vie d'ailleurs me fuyait.
Bref. C'est étrange l'expatriation...

mardi 20 octobre 2009

Going North

(voila plusieurs jours que j'ai des problèmes à afficher correctement mon tableau de bord de blog, je n'ai aucune idée de comment sortira ce message)

Dimanche nous avons conduit vers le Nord pour fuir la chaleur écrasante de Beyrouth. Si un orage se prépare, voilà une semaine qu'il se fait attendre, et le ciel s'alourdit chaque jour alors que le soleil continue à tapper. Vers le nord donc, où au lieu de la fraicheur, nous avons trouvé un vent chaud venu du désert.

Là bas les olives atteignent la maturité, et on commence à les cueillir, en contrebas les plages font les plein.

Petit village, couvent ancien. Vue dégagée sur la côte qui s'étend et serpente.
Calme sonore, pentes couvertes d'oliviers, carrières de pierres blanches qui donnent un aspect contrasté au paysage : la stérilité de la pierre et l'exubérance de la verdure.
Quand on regarde vers l'aval, les contradictions libanaises sont consommées. Les carrières qui cassent la montagne donne sur des usines de ciment qui s'étalent, fument et cachent en partie la dernière merveille de la vue : le bord de mer et l'eau turquoise.



Sunday I've traveled out of Beirut to some place in the North. Amazing landscapes of snow-white stones, green hills covered with olive trees, and in the valley factories hiding part of the beautiful seashore. Some more contradictions...

mercredi 14 octobre 2009

Ruy Blas, Victor Hugo, acte III scène 2:

Ruy Blas, survenant :
Bon appétit, messieurs ! -

tous se retournent. Silence de surprise et
d’inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les
bras, et poursuit en les regardant en face.

ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
de servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n’avez pas honte et vous choisissez l’heure,
l’heure sombre où l’Espagne agonisante pleure !
Donc vous n’avez pas ici d’autres intérêts
que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
-mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur.
L’Espagne et sa vertu, l’Espagne et sa grandeur.

lundi 12 octobre 2009

Rencontre avec un poète

Pause de midi, conversations entrecoupées d'alarmes incendie qui se déclenchent sans raison. Un son strident, assourdissant, qui limite les échanges à de faibles sourires exprimant le désarroi commun.

Silence enfin. Puis le dialogue se recrée, banal, divertissant, sans grand intérêt. Small talks auxquels je ne participe pas.

Un nouvel entrant, inconnu. J'observe les visages, vois de la reconnaissance. Exclamations! "Bienvenu! Où étais tu? Tu rentres seulement?"

Je m'intéresse de plus près au nouvel arrivant. Des manières prononcées qui sautent aux yeux, des lunettes rondes en écailles trop petites sur le visage joufflu, un personnage singulier...

Pendant ce temps on a recommencé à se plaindre des élèves qui, cette fois, manquent de sensibilité artistique. C'est donc un artiste...

Mais encore...

Il invite à venir le voir le 28octobre, date qui raisonne dans ma tête comme celle du salon du livre . Je suis encore plus attentive, bien qu'il ne s'adresse pas vraiment à moi. Il faut assister à son hérésie de l'année dit-il, participation -j'avais deviné- au salon du livre. il récitera un texte, qu'on l'a invité à écrire, ainsi que quelques quarante autres auteurs "francophones", pour répondre à la question : Pourquoi écrire?

Il continue son monologue sur l'absence d'Andrée Chedid, puis le refus bienvenu d'Amin Maalouf, et enfin sur sa réponse.

Eloquence impressionnante dont je reviens en comprenant qu'il récite des extraits. Pamphlet sur le devenir de la langue, sur le pourquoi écrire en français. La dette reçue en recevant la langue, la manière d'y faire honneur. Cela ne va pas sans évoquer Richard Millet.

J'ose le dire. Me fais piéger en parlant d'auteur franco-libanais, et l'insulte en les rapprochant. J'ai l'immunité de la jeunesse que j'affiche et du statut non littéraire. Sans intérêt on me répond comme à une naïve jeune enfant, étudiante tombée à cette table par erreur du nid de bêtise qui l'abrite d'habitude. J'en joue et garde mon avance à être arrivée sans préjugés et à avoir certainement quelque chose à répondre à cette question posée aux renommés écrivains.

Un air de provocation entonné à tue-tête ; une personnalité publique qui ne brise pas qu'un seul taboo libanais ; un amour de l'art qui reste ésotérique à celui qu'il appelle sarcastiquement simple mortel...

Portrait et récit d'une rencontre avec Alain Tasso, qui traine semblerait-il dans les couloirs de l'université.

vendredi 9 octobre 2009

Il y a que la blanche colombe a trois cents tonnes de plomb dans l’aile…

Puisque trop souvent on a bombardé ici la paix venue d’ailleurs. Le ferment d’un peuple libanais qui était si noble à l’époque de Tanios où émergeaient déjà ces tensions. On a cru à l’unité, on lui a construit un cadre institutionnel dans la représentation et l’égalité de chacun. On a reconnu des communautés, on les a différenciées. Petit à petit elles se sont individualisées, dominant l’une après l’autre, par elles mêmes, ou aux noms de pays qui s’interposent (Iran, Syrie, Israël… « et mais qui d’autre ? »).

Aujourd’hui ce qui frappe c’est la haine de l’autre politique. Chacun est "plus bête que ses pieds, manipulé par un chef de guerre, un politicien véreux, un criminel, …" Aux FL ! au 14 mars ! au printemps ! à la guerre ! aux massacres ! pas au Liban. On ne fait même plus semblant de parler d’intérêt public. Et on oublie les personnes derrière les opinions politiques, derrière les choix de vote, derrière l’abstention. Il y a les Arméniens, les musulmans de tel quartier (voyez l'article de l'Orient dont la réf est un peu plus bas), les saoudiens… Partout désenchantement ou verve ! De mesure aucune, démesure.
On accorde à chacun le nom de Libanais, mais quand on refuse une potentielle domination des uns, ce n’est pas autre chose que le droit de faire partie d’un peuple qui a toujours mélangé ces groupes qu’on leur refuse. On a cessé de chercher qui unira le mieux, on se bat pour éviter que l’autre divise différemment. Et tant savent que personne ne gagnera…
Je n’ai aucune prétention de comprendre quelque chose à cette politique, ni à la politique d’ailleurs… J’y perçois des choses, selon mes sensibilités incolores et transpartisanes. De la lutte des classes de l’imaginaire communiste, il reste la lutte. Ici on n’agit pas, on se bat. Cette différence de discours, discours serti d’un diadème religieux, ne peut que me choquer. Un manque d’ouverture d’esprit, un jugement hâtif, dur et sec ? Non je ne crois pas, plutot un constat : un voile se lève sur chacun quel qu’il soit, quand tout à coup un coup de klaxon au rythme partisan retentit et que la conversation dans la voiture tourne à l’intolérance.


Mais encore une fois je vous le dis…je n’ai rien compris.

jeudi 8 octobre 2009

mon adresse

Ici pas de poste. Des boites aux lettres privées (comme au sénégal) ou un service pour les administrations.

Pour m'écrire glissez la lettre ou carte dans une première enveloppe avec écrit Christelle dessus. Glissez cette enveloppe dans une autre enveloppe timbrée cette fois au nom de :

Professeur Jocelyne Gérard
Facuté des lettres et des sciences humaines
B.P. 17-5208 Mar Mikhaël, Beyrouth, 1104 2020, Liban

Je sais que j'aurai pas trop à attendre ;)

mardi 6 octobre 2009

BADABOUM

Au hasard d'une photo, d'un entretien à préparer, et d'une question que je me pose, je viens de tomber dans la politique libanaise...

L'Orient de titrer "Un gouvernement cette semaine...ou à la trinité"

On en reparle...

Permettez moi d'ajouter ceci. Alors que j'allais dire que l'Orient (L'Orient le Jour j'entends) manquait de plumes, voici sur quoi je suis tombée : http://www.lorientlejour.com/editoriaux/editorial.php?id=4 .

Scène(s) de vie

Une grille de fer qui s'ouvre à la volée, mais ne se ferme pas exactement, dans un claquement métallique qui fait bondir les chatons dormant sur les marches du porche. On les suit et les rattrape alors qu'ils regardent en arrière au moment où la clé tourne dans la seconde porte. A droite un balcon donnant sur le jardin amoureusement entretenu, et sur ses arbres, de leur existence taillés une seule fois, parce qu'ils dérangeaient un voisin connaissant quelqu'un haut placé.
Des voix, de la fumée de cigarette, et des odeurs de cuisine s'échappe de l'appartement de droite, alors que les cinéphiles de l'appartement de gauche n'émettent que des dialogues de grands classiques et de la lumière tamisée de cinéma improvisé.
Pause forcée, il faut aider ma grande tante à mettre ses boucles d'oreilles. Jour de mariage, excitation sans pareille. Elle se fait belle comme si elle avait 20 ans. J'échoue à cette mission, cela fait combien d'années que je n'ai pas mis de boucles d'oreilles? je l'envoie vers ma tante, plus apte à remplir ce genre de mission. On grimpe.
Escalier aux fenêtres béantes. Si un jour il y a eu des vitres à ces grandes ouvertures elles ont explosé lorsqu'une bombe est tombée dans le jardin. Jamais remplacées, dans une mentalité très libanaise, qui ressemble à la réflexion : "Pourquoi faire son lit? On le défera ce soir...".
Palier du premier étage. Deux portes, deux appartements, une famille. Tout est ouvert à tous vents. A droite, salon calme, chambres de mes cousins, appartement plutôt désert. A gauche appartement surpeuplé, dans lequel on accueille, on boit le café, on joue aux cartes. Y vit mon grand père, moi nouvellement, ma grand mère pour seulement quelques semaines. Y passe toute la famille, du cousin qui tout de suite y boit ce café si noir, au petit fils de je-ne-sais-qui qui rentrait du Vénézuela. Va et vient par la porte, et ces boucles d'oreille qui ne sont toujours pas mises. Confuse, je ne sais pas non plus préparer le café, je laisse faire, s'agiter.
Puis on s'assied, on raconte, on bavarde. A l'étranger on parle de la guerre, de ce qu'a subi l'immeuble, de ce que chacun ici a enduré...
"La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires"

On parle aussi, de cette famille lointaine dont on sait tout. C'est toute une lignée qui habite ce salon! Je n'ose pas imaginer le nombre de personnes dont je ne connais pas l'existence qui discute mes études, un potentiel mariage, ma vie sans que je sois au courant. Là on parle de ma soeur, et ma grand mère de louer comme Anthony est un bel homme...C'est drôle une grand mère, je l'aurais cru vexé que Nathalie aie dédaigné ce pharmacien qu'elle voulait lui présenter?
Et d'un sujet à l'autre, on bondit légèrement sans s'apesentir sur de fâcheuses conséquences (les bombes sur le toit elles ont fait quoi à la structure de l'immeuble?), ni sur les blagues, ni sur les sujets plus sérieux (portefeuille volé, ah bon? Mais quand? Encore une conversation en arabe qui m'a échappée!),...

Et déjà l'heure de la cérémonie approche, on a oublié les boucles d'oreilles récalcitrantes.

lundi 5 octobre 2009

"Day comes slowly absorbing the darknesses softly...

...Night leaves gently, her beauty spends and she rises.
I step into the lightness...
Darkest midnight is swallowed in oceans of laughter.
I follow into lightness as flowering wonders are calling me home.
Dreaming into a sky of brilliant blue,
Singing a song that blossoms in a fugue as morning settles on!"

Paroles de Kurt Elling, sur le magnifique thème de Pat Metheny pour raconter jeudi.

La journée avait commencé tôt comme d'habitude. J'étais rentrée à pieds (sans me perdre!), un peu tard. J'ai lu un moment, regardé un bout de film...Pas grand chose d'exceptionnel. Soirée qui avance, diner simple...Appel. C'était presque entrer dans la routine, vers 22h, en plein resto, diner officiel, un appel qui vient briser le calme de ma chambre. A chaque fois un peu différemment, un peu vaguement aussi, une proposition pour se retrouver plus tard, à tel ou tel endroit. Au début de la semaine, j'étais à chaque fois déstabilisée, ne sachant pas où j'allais et comment y aller. Là c'était juste une question d'enfiler ses chaussures et de décoller.
Petit moment délicat où je croise le mari de ma tante en traversant le salon. Un simple "je sors"...suivi d'un "maintenant?" "oui je rejoins mes amis français". Aucun problème, pas de remue ménage, personne d'autre à prévenir. Je rentre quand je veux. Bon...easy.
Il parait que mon cousin (maintenant parti) l'a fait avant moi...La joie d'avoir un(e) aîné(e)!

Un premier verre dans le centre ville chic, en compagnie réduite, puis malgré moi (et mes chaussures inadaptées) je me laisse entrainer dans une des grandes boites libanaises. Au menu : techno, vodka, créatures de rêve, délégation d'étrangers. Un peu de danse, juste assez pour que ça me manque encore plus. Voir du monde, ne pas se sentir déplacer, se dire que peut être on peut s'amuser là dedans un petit moment.
On se lasse vite, et sans scrupule puisqu'on n'a rien payé, on sort. Certains sautent dans voitures et taxis, moi je préfère parcourir à pieds ces rues dans lesquelles je sais nouvellement me retrouver. Il est peut être 4h du matin. Il fait frais sur la terrasse du septième étage. Les lumières qu'on surplombe indiquent la route qui sillonne vers la Bekaa.

On parle encore longtemps. Des silences un peu plus long s’installent. A moitié assoupie, je vois le ciel devenir gris. La lumière change, pas vraiment le jour, mais les lampadaires au loin ne scintillent plus de la même manière. Quelque part un rayon a percé, levant le brouillard sur les pentes et un semblant de rosée. Il est temps de rentrer, c’est l’heure à laquelle je me lève d’habitude.

Cette ambiance de petit matin est inimitable. Les quelques moteurs qui tournent font autant de bruit que les files de voitures de la journée : vieux minibus qui emmène toute la famille, père, mère et nombreux enfants en uniforme à l’école et au travail ; camion de livraison tournant au mazout, fumée noire et odorante. Les concierges des immeubles sont levés et passent la tête à la fenêtre ou par la porte entrebâillée au passage d’un étranger. Les chats rodent sachant l’heure du petit déjeuner. Les fours (boulangeries) fument et font voler des nuages de farine. De vieilles femmes marchent, on ne sait trop vers où : la maison du fils, pour garder les jeunes enfants, l’immeuble voisin pour le premier café et pour battre les cartes qui occuperont toute la journée.

Par rapport à la plénitude quand le jour bat, la vie est parsemée au point du jour. On peut distinguer les voix qui s’interpellent. Les chauffeurs de taxi ne sont pas encore assez alertes pour klaxonner les piétons. Les sons s’individualisent, puis après ils s’empileront, comme les lignes d’un orchestre pour jouer la symphonie tintamarresque de la journée.

La plupart des rues restent vides dans le dédale de la colline d’Achrafiyé. L’odeur du jasmin encore en fleur se diffuse d’autant plus en ces heures. La lumière rose accentue les tons ocre-jaune des façades, et le jardin pépie de mille oiseaux venus trouver, pour chanter le jour, les seuls arbres du quartier. Ca volette entre les fleurs du bougainvillier, pique des prunes, et sert de réveil matin. Sauf quand c’est l’heure qu’on choisit pour se glisser dans son lit.

jeudi 1 octobre 2009

mon écran clignote

Ce matin avec les fréquences des coupures de courant, on se serait cru à La Barre en pleine préparation de soirée. Il faut ajouter aux lumières qui clignotent, les soudains souffles de la clim' qui se remet en route, les écrans d'ordinateurs qui fânent doucement dans le bip rythmé des générateurs qui les récupèrent avant la mise en veille...

C'est une des raisons pour lesquelles le Liban est un si petit émetteur de GES ; les centrales installées n'ont pas la capacité d'alimenter tout l'appareillage électrique du pays, alors on coupe régulièrement le courant, par quartier à heures fixes ou comme aujourd'hui au hasard de l'insuffisance des flux d'électrons entrant.

bip...bip...bip...tüt...bip...bip...bip...tüt...bip...bip...

my screen's flicking

This morning, considering how frequently electricity turned off, I could have believed I was back at that friends' place where anytime you prepare lights and sound for a party, you end up in darkness interrupted by short lit periods. Except here not only lights where flicking, but also AC (creating an alternated wind stream), computer screens along which the bipping generators supposed to prevent them from turning off.

This is one of the reasons why Lebanon is such a small GHG emitter : peak electricity generetion capicity is not sufficient to run all existing devices, so current is often cut at certain hours or like today randomly depending on lack of entering electrons flows.

mercredi 30 septembre 2009

hors rythme

Selon la dépendance aux voitures, les horaires des autres, et ma tendance à me lever toujours trop tôt, j'ai adopté ici un rythme particulier. Je me lève avec le soleil à 6h du matin, quelques minutes sur le balcon a respiré l'air matinal avant embouteillages. Puis en silence je me prépare à partir. Rues vides, calme tout relatif, mais calme quand même. A 7h je suis au travail, productive pendant les premières heures de la journée, comme toujours (qu'elles soient entre 3 et 5h, 5 et 7h ou 7 et 9h).
Je peux rentrer tôt, dès que j'en ai marre ou que je suis trop fatiguée, souvent vers 17h. Rentrer ou juste partir, me perdre dans les rues dont je ne comprends toujours pas les virages et entremêlements. Profiter de l'été qui s'étale, du soleil, et de la marche solitaire. Penser à ces vendredis que je pourrai chômer pour aller ici ou ailleurs. A ces jours entiers où je m'absenterai pour être présentes auprès de potentiels visiteurs.
Rêvasser avant de devoir être présente, aux aguets pour comprendre ces conversations en arabe qui fuseront dans le salon familial.
Je fais des longues journées, qui me laissent pourtant le temps le soir. Je lis beaucoup, avance dans L'Usage du Monde et mes envies de voyages identiques. Le temps est incroyablement multiplié quand on se lève tôt.

Hier je me suis endormie dans la soirée, une heure d'oubli et d'absence, qui m'a rouvert un monde que j'avais oublié dans ce rythme solaire: la nuit. Diner pas si tardif. Puis coup de téléphone. A 23h, je me glisse hors de l'appartement, hors de son rythme réglé, pour au hasard tenter de trouver un moyen de me rendre au lieu de rendez vous. La ville ne bouillonne plus bien qu'elle continue de ronronner d'une agitation périphérique. J'arrive à destination. Longues heures de discussion sur une terrasse d'immeuble moderne qui surplombe des batiments plus anciens. Un sentiment de liberté insufflé par le vent qui se lève enfin pour rafraichir les pierres chauffés à blanc dans la journée. Des bruits habituels ne parviennent que les cris des chats. Jamais je ne me suis sentie plus loin de la ville qu'en haut d'une de ses tours si citadines.

Puis vient l'heure de rentrer, une autre marche dans les rues qui se sont encore enfoncées un peu dans le sommeil. L'absence de fatigue, l'insomnie qui guette...endormie finalement par la quiétude de ces heures de noctambulisme.

Réveil moins matinal.

Je me refuse à battre la mesure.

lundi 28 septembre 2009

d'après les experts

"ce document met l’accent sur d’autres secteurs comme ceux de Rmeil,
Kantari, Tallet Druze, Gitawi… (Fig. 5.18), situés dans la partie Nord et au centre de Beyrouth-Municipe, ils ont la densité la plus élevée. Dans une situation à mêmes flux routiers, ces quartiers sont aptes à la stagnation des polluants atmosphérique"

Gitawi, jeitaoui, geitaoui...c'est là que je vis.

As experts say :
"this documents highlights other parts of the city such as Rmeil, Kantari, Tallet Druze, Gitawi...Located in the North and in the Center of Beirut. These have the highest building density. Not far from roads and streets flows, those areas are subjected to stagnation of atmospheric pollutants."

Gitawi...Did I mention that's where I live?

A l’image de l’auteur, décrivez un lieu qui vous tient à cœur.

Je me souviens que c’était le sujet de rédaction du brevet blanc, appuyé sur un texte parlant de Marseille à propos duquel je venais de discuter le chauvinisme de l’auteur. Ce sujet m’avait déstabilisé : ma maison elle n’avait rien d’exotique, et à part ça, aucun lieu n’avait suffisamment été balayé par un regard émerveillé, pour comme l’auteur m’être familier et aimé. J’avais pensé inventer, ou mentir, mais ne pouvais rien imaginer tel un attachement à la terre.

Alors j’avais cherché un attachement à des souvenirs, à revêtir d’un regard merveilleux et à ancrer dans un lieu alors devenu féérique et donc aimé. J’avais en tête un réveil matinal, où me glissant hors du lit dans ma chemise de nuit blanche à l’ancienne (prêtée dans l’improvisation de cette visite), je m’étais rendu sur le balcon baigné d’une aube chaleureuse. J’avais six ans, et j’ai peut être acquis de là mon amour pour le petit matin.

En plus de la lumière orangée, du fond de l’air frais sentant le pin, j’avais trouvé ma grand-mère et une demi-douzaine de chats. Elle était déjà en train d’anticiper notre réveil en épluchant les pêches fraichement cueillies donc nous raffol(i)ons tant. Les quelques uns des chats sauvages à mon approche s’étaient enfuis, les trois douces fourrures de la maison n’avaient pas bougé. Et c’est cette image que j’ai gardé, autour de laquelle j’ai reconstruit une terrasse, une maison, un verger, un village, une montagne dans ma rédaction. Instant doux surpris et rendu à l’existence, alors que je devais dormir encore.


J’étais là-bas ce weekend. Est-ce ma conscience d’environnementaliste, mon regard plus agé, un changement réel ? L’air avait perdu son odeur. Si la terrasse, la maison et le verger n’ont pas bougé. Village et montagne ont disparu, que dire de la forêt de pins. C’est une toute autre vue qui s’est offerte à moi. Gaz d’échappement, urbanisation, bruit, ciment. Autour des qq maisons en vieilles pierres ont poussé des villas neuves et lisses. Le paysage accidenté et caillouteux qui paraissait si naturel et attrayant donne l’impression d’un chantier de démolition. Comme si chaque bloc calcaire qui s’élevait là avait été pulvérisé dans l’intention prochaine d’aplanir le terrain. L’ambiance de village a disparu, conquise par la ville, les citadins en exil, les grosses voitures.

C’est Beyrouth qui continue à grimper sur les pentes…C’est l’immobilier qui flambe. C’est les interdictions de construire qui sont recouvertes de billets verts.

La montagne est belle et morte et la ville la mange.

jeudi 24 septembre 2009

Let's pin split-black ribbon to your overcoat

Goudron de routes grimpantes, petites églises. Des hommes et des femmes agglutinés aux vitraux, qui regardent interminablement de leurs costumes noirs le blanc qui émane du lieu. Maisonnettes en vieilles pierres rassemblées autour des croix qui dépassent les toits grimpées sur leur clocher. Odeur de terre lourde, et de gateau chaud ; de vide et de vie. Intérieur douillet de voutes anciennes entre-aperçu par une porte ouverte, indifférence au malheur qui se déroule en cortège derrière la boite en bois. Des inconnus, qui voient passer ces hordes de proches, amis, et autres juste polis. Deux mondes qui se côtoient le temps d'un après midi : l'un en noir et blanc. Le blanc des fleurs en couronnes qui auraient ornées le plus heureux mariage, le blanc des sièges, des murs, de la pièce baignée d'un soleil éblouissant. Le noir des cernes des veilleurs, des habits, des cheveux, de l'atmosphère, le noir des yeux méditerranéens dans lequel on plonge nos condoléances. Un contraste terrible et décalé, qui fait frissonner.
L'autre monde en couleurs, qui incarne l'odeur du thym, la légerté de la montagne libanaise, le soleil adouci de son aura venteuse sur ces pentes qui convergent dans les vertes vallées. De noires silouhettes s'échappent un instant des longues heures pesantes et sombres, âmes folâtres dans ces paysages d'un temps heureux, d'un autre calme.

L'échappée est courte, bientôt on les voit se pencher sur une autre pierre noire du cimetière.

A 21 ans, j'ai assisté à mon arrivée à mon premier enterrement. Je ne sais comment j'ai été protégée de cela jusqu'à aujourd'hui. Ici. Une cousine proche de ma mère que je n'ai pas connue, j'étais porteuse d'un message, d'une vraie douleur de ne pouvoir être là. C'est cela aussi vivre loin de sa famille. J'ai vécu cette longue après midi entre les deux mondes entremêlés décrits ci dessus. Je ressemble tant à ma mère avant qu'elle parte en France qu'ils ont un instant cru qu'ell était là, sauf pour l'âge...cette pensée a fait naître des sourires sur les visages en deuil.

mardi 22 septembre 2009

diaporama d'arrivée

L'arrivée, moment si spécial dans un voyage. On ne sait rien mais tout est à saisir. Je suis arrivée ici souvent, et pourtant, cette fois, mes pensées ont été bien différentes.

La mer. Home. I don't speak arabic yet (comme si le penser en anglais allait m'excuser). Combien de fois j'ai pris cet escalator? Ces visages me disent quelque chose.

Tout est si familier, et pourtant je suis si perdue. D'abord c'est triste, ça pousse à l'action ; puis ça effraie. Cette distance que j'ai à ce monde, je saurai la combler? La traverser?

Et des dizaines de petites raisons de sourire, de petits traumatismes (décrocher le téléphone à l'appart' et ne pas être connue de l'interlocuteur, ridiculement épeler son numéro de portable en arabe, suivre le journal télévisé en ne comprenant que des mots comme "grand", "Israël", "aller", "Il y a",...)

Depuis 14h, j'assiste au zapping le plus troublant du monde. Mon esprit ne reste sur rien. J'ai les pensées qui titubent...



Majid don't use google translation! Here you are ;)

Arriving is always a very special moment. You don't know anything but you have to get everything right away. Overwhelming flow of information! I arrived here more than once, but this time my thoughts were quite different.

Sea. Home. I don't speak arabic yet (as if thinking in english was an excuse for not mastering the other language). How many times did I climb up these mecanic stairs? It's not the first time I see these faces...

Everything's so familiar, but I'm so lost. At first it makes me sad, and makes me want to act against it ; then it gets frightenning. Will I be able to bridge the gap between me and this world? Then cross the bridge?

And tens of small reasons to smile, and tiny traumatisms (answering the phone and not being identified, spelling my phone number in an approximative arabic, following the news on TV and only getting words such as "huge", "Israël", "going", "there is"...)

Since 2pm I've been watching a continuously spinning carousel of short-lived images. My thoughts aren't walking straight...

jeudi 17 septembre 2009

Bienvenus ici, là-bas, partout et nulle part

Situation géographique 1 : the wild wild web (nulle part)
Bienvenus sur cette page. Un blog, parmi tant d'autres, qui rappellera à certains une autre adresse identique [ http://www.roadtotoronto.over-blog.com/ ]. Le décor est planté : adresse (une route vers un ailleurs), couleurs (ce orange qui traine),... Tout n'est pas nouveau, c'est une expérience déjà tentée, il y a un précédent. Garder une unité. Mais aussi changer. En ce lieu, c'est le défi qui m'incombe : des méthodes antérieures, des textes et des styles, je garde le facteur premier de changement : la spontanéité dans l'écriture et les sujets.

Situation géographique 2 : de France (ici)
Bienvenus chez moi d'où j'écris ce message introductif pour vous faire parvenir cette page à tous, sans oublier personne, et avant que je parte.

Situation géographique 3 : Liban (là-bas)
Bienvenus à bord de cet étrange navire métaphorique dans lequel vous dériverez avec mes pensées.
Je repars...enfin, je continue à partir. Paris Toronto, Toronto Paris, Paris Dakar, Dakar Paris, Paris Beyrouth....et le futur. (partout)
J'ai failli appelé cette page roadstonowhere, du nom d'une chanson que j'aime beaucoup (in the moonshine sessions). C'était à la fois présomptueux et insultant, puisque si ma destination n'est pas quelque chose c'est un "nulle part"...Pays d'origine, pays étonnant, connu à apprivoiser, inconnu à découvrir. Ce n'est pas un retour aux racines, c'est un face à face : avec mon ambivalence, avec mes préjugés, avec ce qui a longtemps était du dédain, et une absence totale d'attachement à ce qu'est le Liban. Et il y aura d'autres voyages, une vie entière further down the road to nowhere : c'était brûlé cette cartouche là trop vite.

et le choix du Liban c'est aussi un hommage à une citation qui est à l'origine de cette année :
"rien n'est plus proche de nous que l'inconnu, bien qu'à notre idée il n'appartienne qu'aux plus lointains rivages"