Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

samedi 31 octobre 2009

Dépaysement

Entrer - Sortir - Entrer à nouveau. Vous avez surement déjà eu cette impression en arrivant dans une pièce que vous connaissez bien, que quelque chose a changé. Vous êtes venus là souvent, vous avez observé les détails, vous les connaissez d'ailleurs. C'est un cadre décroché, une ampoule grillée, une photo en plus, un vide ou un plein, ou une autre lumière et son cortège métamorphe d'ombres.

C'est ainsi qu'il m'a frappé, le dépaysement à Beyrouth. J'étais entrée mille et une fois dans la ville en regardant mes pieds ou le ciel ou la rue ou chaque détail. Je les connaissais bien. Une familiarité gênante entre la ville et moi, comme un malaise entre deux personnes qui réalisent que la distance s'est creusée et qu'il reste si peu à dire.
De quoi pouvais je m'étonner? Je l'avais vu circuler cette ville ; parcourue, en voiture et même à pieds. J'y avais marché, acheté, vécu. Toujours eu des clés, des repères : le resto du quartier, la station d'essence qu'il faut indiquer au taxi, le cordonnier, le four [équivalent de nos boulangeries mais à disposition de chacun pour préparer ses manakiche (genre de pizzas au thym que les libanais mangent le matin)] où à 3ans je faisais des catastrophes en rigolant beaucoup, à 15ans on me proposait le fils pour un mariage prochain...

Alors c'était put être le ciel de ce jour là, la manière si particulière qu'a eu l'automne d'arriver, l'improbabilité de voir tomber une feuille jaunie par 28°, ou juste une manière d'appréhender finalement la ville dans son ensemble, avec une distance consommée à la France. Accepter la synthèse qu'a fait Beyrouth (et le Liban) de toutes les cultures qui l'effleurent.
C'était une question de laisser mon regard ployé aux changements et juxtapositions de la ville.

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