Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

dimanche 13 décembre 2009

collision

Dans mes déambulations à Buenos Aires j'avais ressenti un lien avec Beyrouth. Une perception étrange alors que les langues divergent, et les expériences aussi.
Puis l'idée s'était envolée, le Paris du Sud était devenu un voyage dissocié d'autres souvenirs, et Beyrouth ma ville de résidence, d'origine, ce familier étrange dans lequel je ne suis pas (non plus) chez moi.

Ca a été une musique, un pavé, un trottoir, un rythme posé, sur lequel on cale sa marche et sa danse. L'agressivité contenue de Gotan Project qui a retenti dans mes oreilles alors que je me faufilais entre des voitures trop pressée. Un mois de danse tous les jeudis, seule ou accompagnée, pour découvrir comment s'exprimait ici les tangueros. Un mélange soudain de cultures si proches et si différentes. Le face à face déjà vécu ailleurs de la nouvelle danseuse et du groupe déjà formé, rodé à ses figures et ses codes de langage.

Collision. Parce que c'est ainsi que j'ai dansé le tango ici, dans une agressivité mesurée pour maintenir son territoire d'expression dans une façon de danser invasive.
Le parallèle est un peu facile mais je me permets de le tracer car il est bien réel : le tango, la défense de ma manière de le danser s'est fait métaphore de mon vécu de mon intégration ici. La nécessité d'un terrain de coopération (sinon la danse est impossible) mais le maintien d'un style pourtant incompatible a priori avec celui du partenaire. Et dans leur danse il y a quelque chose de cette mentalite indefinissable qui ne me correspond pas : a la fois entreprenant par show-off et fuyant par nature, la danse est ambitieuse mais les regards sont baisses et vaincus, la technique est affirmee et le style est timide...

Pour la danse j'ai été découragée, le mélange ne me plaisait pas. Une incompréhension, celle de ceux qui savent parler la même langue mais ne savent pas s'écouter.

Mais ces images de couples qui tourbillonnent sur une musique d'ailleurs dans ce restaurant traditionnel me restent, des soirées marquantes et pleines, un accord dissonant sur une palette de couleurs, des entités qui se repoussent pour à nouveau se rencontrer dans une collision inévitable des genres opposés.

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