Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

lundi 12 octobre 2009

Rencontre avec un poète

Pause de midi, conversations entrecoupées d'alarmes incendie qui se déclenchent sans raison. Un son strident, assourdissant, qui limite les échanges à de faibles sourires exprimant le désarroi commun.

Silence enfin. Puis le dialogue se recrée, banal, divertissant, sans grand intérêt. Small talks auxquels je ne participe pas.

Un nouvel entrant, inconnu. J'observe les visages, vois de la reconnaissance. Exclamations! "Bienvenu! Où étais tu? Tu rentres seulement?"

Je m'intéresse de plus près au nouvel arrivant. Des manières prononcées qui sautent aux yeux, des lunettes rondes en écailles trop petites sur le visage joufflu, un personnage singulier...

Pendant ce temps on a recommencé à se plaindre des élèves qui, cette fois, manquent de sensibilité artistique. C'est donc un artiste...

Mais encore...

Il invite à venir le voir le 28octobre, date qui raisonne dans ma tête comme celle du salon du livre . Je suis encore plus attentive, bien qu'il ne s'adresse pas vraiment à moi. Il faut assister à son hérésie de l'année dit-il, participation -j'avais deviné- au salon du livre. il récitera un texte, qu'on l'a invité à écrire, ainsi que quelques quarante autres auteurs "francophones", pour répondre à la question : Pourquoi écrire?

Il continue son monologue sur l'absence d'Andrée Chedid, puis le refus bienvenu d'Amin Maalouf, et enfin sur sa réponse.

Eloquence impressionnante dont je reviens en comprenant qu'il récite des extraits. Pamphlet sur le devenir de la langue, sur le pourquoi écrire en français. La dette reçue en recevant la langue, la manière d'y faire honneur. Cela ne va pas sans évoquer Richard Millet.

J'ose le dire. Me fais piéger en parlant d'auteur franco-libanais, et l'insulte en les rapprochant. J'ai l'immunité de la jeunesse que j'affiche et du statut non littéraire. Sans intérêt on me répond comme à une naïve jeune enfant, étudiante tombée à cette table par erreur du nid de bêtise qui l'abrite d'habitude. J'en joue et garde mon avance à être arrivée sans préjugés et à avoir certainement quelque chose à répondre à cette question posée aux renommés écrivains.

Un air de provocation entonné à tue-tête ; une personnalité publique qui ne brise pas qu'un seul taboo libanais ; un amour de l'art qui reste ésotérique à celui qu'il appelle sarcastiquement simple mortel...

Portrait et récit d'une rencontre avec Alain Tasso, qui traine semblerait-il dans les couloirs de l'université.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire