Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

mardi 6 octobre 2009

Scène(s) de vie

Une grille de fer qui s'ouvre à la volée, mais ne se ferme pas exactement, dans un claquement métallique qui fait bondir les chatons dormant sur les marches du porche. On les suit et les rattrape alors qu'ils regardent en arrière au moment où la clé tourne dans la seconde porte. A droite un balcon donnant sur le jardin amoureusement entretenu, et sur ses arbres, de leur existence taillés une seule fois, parce qu'ils dérangeaient un voisin connaissant quelqu'un haut placé.
Des voix, de la fumée de cigarette, et des odeurs de cuisine s'échappe de l'appartement de droite, alors que les cinéphiles de l'appartement de gauche n'émettent que des dialogues de grands classiques et de la lumière tamisée de cinéma improvisé.
Pause forcée, il faut aider ma grande tante à mettre ses boucles d'oreilles. Jour de mariage, excitation sans pareille. Elle se fait belle comme si elle avait 20 ans. J'échoue à cette mission, cela fait combien d'années que je n'ai pas mis de boucles d'oreilles? je l'envoie vers ma tante, plus apte à remplir ce genre de mission. On grimpe.
Escalier aux fenêtres béantes. Si un jour il y a eu des vitres à ces grandes ouvertures elles ont explosé lorsqu'une bombe est tombée dans le jardin. Jamais remplacées, dans une mentalité très libanaise, qui ressemble à la réflexion : "Pourquoi faire son lit? On le défera ce soir...".
Palier du premier étage. Deux portes, deux appartements, une famille. Tout est ouvert à tous vents. A droite, salon calme, chambres de mes cousins, appartement plutôt désert. A gauche appartement surpeuplé, dans lequel on accueille, on boit le café, on joue aux cartes. Y vit mon grand père, moi nouvellement, ma grand mère pour seulement quelques semaines. Y passe toute la famille, du cousin qui tout de suite y boit ce café si noir, au petit fils de je-ne-sais-qui qui rentrait du Vénézuela. Va et vient par la porte, et ces boucles d'oreille qui ne sont toujours pas mises. Confuse, je ne sais pas non plus préparer le café, je laisse faire, s'agiter.
Puis on s'assied, on raconte, on bavarde. A l'étranger on parle de la guerre, de ce qu'a subi l'immeuble, de ce que chacun ici a enduré...
"La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires"

On parle aussi, de cette famille lointaine dont on sait tout. C'est toute une lignée qui habite ce salon! Je n'ose pas imaginer le nombre de personnes dont je ne connais pas l'existence qui discute mes études, un potentiel mariage, ma vie sans que je sois au courant. Là on parle de ma soeur, et ma grand mère de louer comme Anthony est un bel homme...C'est drôle une grand mère, je l'aurais cru vexé que Nathalie aie dédaigné ce pharmacien qu'elle voulait lui présenter?
Et d'un sujet à l'autre, on bondit légèrement sans s'apesentir sur de fâcheuses conséquences (les bombes sur le toit elles ont fait quoi à la structure de l'immeuble?), ni sur les blagues, ni sur les sujets plus sérieux (portefeuille volé, ah bon? Mais quand? Encore une conversation en arabe qui m'a échappée!),...

Et déjà l'heure de la cérémonie approche, on a oublié les boucles d'oreilles récalcitrantes.

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