Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

mardi 1 décembre 2009

rue étatique, rue bi-étatique, rue partisane, rue publique

Je cite
"La rue étatique : les rues dans certaines villes arabes sont envahies par un Etat omniprésent [...] Alors c'est partout dans la rue, sur les enseignes des magasins, les balcons des immeubles, et en toute période de l'année, des slogans et des portraits politiques. La rue devient propriété exclusive du régime et des gouvernants, symbole tangible de la toute puissance de l'Etat"

Ici surgit l'image des souks de Damas avec le portrait du père ou du fils qui surplombe les échoppes, les rues de l'URSS et leurs statuts évocatrices du pouvoir en place, les carrfours marocains avec le roi qui s'affiche...

Et pourquoi pas le Liban? Dans la continuité du message publié hier, j'ai d'abord pensé à la rue libanaise bi étatique, où se cotoient les portraits des dirigeants du Hezbollah, leurs slogans en arabe, et les batiments publics de l'Etat libanais, les drapeaux, les mairies, les commissariat et les barrages et partout sur pancartes officielles l'arabe et le français.

Puis sont revenus d'autres détails qui disent autre chose des rues d'ici. Front d'une guerre de batailles politiques tant qu'elles ne sont pas armées, la rue libanaise est envahie par les partis. Chaque espace est à la fois à conquérir et à violer. Le droit de propriété ici favorise cela, puisque le propriétaire fait à peu près ce qu'il veut sur ses terres. Alors comme je le disais déjà, tel rond point prendra le logo de tel parti, tel coin se verra couvert d'affiches de tel leader, et les quartiers bien que juxtaposés et reliés entre eux ne mélangeront pas leurs appartenances politique et religieuse. Alors cet espace public partisan deviendra lieu d'affrontement d'affirmation identitaire d'un autre genre : l'espace visuel occupé on se rabattra sur l'espace sonore, chaque parti ayant sa mélodie ; le fixe n'étant plus amovible, le mobile se couvrira de signes d'appartenance, et les voitures de porter leurs objets religieux et les taxis leur quartier de provenance...

Et le contraste se creuse avec la rue publique européenne qui se divise entre communautés d'utilisateurs (vélo, piétons, automobilistes) ; espace d'affichage public (je pense notamment en période d'élections à ces panneaux qui assurent le pluralisme et la possibilité de chaque parti d'occuper un espace égal) ; et espace d'informations venant de l'Etat (signalisation, noms de rues...)au service de tous.

Une fois que ces rues qualifiées, on réalise que tant de détails dépendent de cela. L'absence de signalisation par exemple dit l'absence de l'Etat, les points de repères (enseignes privées) que l'on donne au taxi révèle l'inexistance de cette fameuse chose publique. Ce rien, cette évidence, qui fait la république.

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