Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

mercredi 28 octobre 2009

Saida (excursion du samedi 24 octobre)

[avis a la population, je tappe le premier message manuscrit qui attend dans mon cahier, mon oridnateur etant en panne les publications sont plus espacees. Desolee pour les accents et les apostrophes, je suis sur un clavier qwerty libanais]

Une autoroute qui tranche vers le sud a ete preferee a la petite route qui sillonne sur la cote. On passe un peu plus loin des plages et le paysage urbain qui s etale avec morosite a raison de mon envie de dormir.
Reveils vagues, sans souvenirs. La petite voiture roule toujours sans notion du temps qui passe. On a quitte les embouteillages et roule librement sur quelquechose qui doit etre un des grands axes de communications du pays.

Reveil enfin au son d un muezzin. Sur les terrasses qu on longe et le bord de mer des femmes voilees, des familles nombreuses, et seulement des hommes qui se baignent. On se gare facilement. A l evidence nous ne sommes plus a Beyrouth.
Un peu devant "se dresse" la citadelle (je dis "se dresse" car elle me parait bien petite), mon seul souvenir de la ville. Sauf mes narines, qui se souviennent : Saida et son odeur de poisson pas frais...Pas change!

La digue qui mene aux vieilles pierres est entouree d eau. La derniere fois, nous etions la a maree basse et nous avions traverse en evitant de regarder la vase, ses ordures et ses cadavres de poissons.

Ce sont les heures les plus chaudes de la journee et le contraste entre la lumiere refletee par les pierres claires et l ombre des vestiges de salles fait mal aux yeux. Le vertige de la fatigue...Helene et moi ne faisons pas les fieres.
On monte sur toutes les terrasses, regardant tantot la mer, tantot la ville, tantot le semblant de port industriel d ou provient un fracas permanent. Ballet de vieille ferraille et de pelleteuse rouillees. La scene vue d en haut fait sourire : le tas de branches d acier lachees en vrac sur le bateau ressemble aux montagnes de jouets que les enfants empilent pour mieux vider la caisse ensuite. Je prefere ne pas imaginer ou seront delestees ces ordures rouillees et bruyantes.

Sous cette chaleur les pas sont tres lents...trainants. Il faut dire que meme a ce rythme les decors, eux, passent rapidement. On se laisse guider, on erre dans la vieille ville. L odeur du port a laisse place a celle du narghile, du marchem du savon et du bois. Ateliers de menuisiers, charrettes de fruits, chats qui se faufilent, enfants qui gardent les boutiques. Plus de kitsch que de typique sur ces etales de la vieille ville qu on imagine tres bien parcourue par les touristes. Mais derriere chaque coin se cache le monde arabe, perdu a Beyrouth.

Cette expression ici ne fait pas appel aux images de grand luxe venues de Dubai et a la richesse des pays petroliers. Je parle du monde arabe des orientalistes, celui habite par les mouches les plus tenaces et un islam envoutant. Il est au detour d un balcon, d un terrasse, d une fenetre... A Damas et surtout Alep dans mes souvenirs.

Des heures a ce pas ralenti, a demander notre chemin a chaque coin pour faire chanter la langue. Et chacun de nous repondre en prenant plusieurs minutes pour etre sur qu au prochain coin nous ne serons pas perdues. Pourtant nous persistons dans le refus de suivre un chemin et finissons par ne nous reperer qu a notre guise et a la perspective sur la mer.

Repas de poisson (certainement charge en Mercure) puisque c est ici qu on le peche, riz au safran et amandes.

La fatigue reprend le pas sur l etonnement, les ambiances se melent. On continue l excursion vers un flanc de montagne. Couvent orthodoxe, icones dorees. Sobriete apres exuberancem desert apres fourmiliere. Puis maison en ruines perdue dans un champ d oliviers en etages. Cette fois en contrebas il n y a que la vallee, des villages et des pierres. Sentier de ronces dans lequel je me suis jetee. Premiere vue de verdure sans contamination regrettable. Trois plateaux d oliviers plus bas, la vue valait les cicatrices laissees par les epines : une falaise a pic dans un ocean vert. Aucune trace d automne sur ces arbres et ces pentes, si ce n est le brouillard qui loge en alternance sur une colline ou l autre.

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