Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

lundi 5 octobre 2009

"Day comes slowly absorbing the darknesses softly...

...Night leaves gently, her beauty spends and she rises.
I step into the lightness...
Darkest midnight is swallowed in oceans of laughter.
I follow into lightness as flowering wonders are calling me home.
Dreaming into a sky of brilliant blue,
Singing a song that blossoms in a fugue as morning settles on!"

Paroles de Kurt Elling, sur le magnifique thème de Pat Metheny pour raconter jeudi.

La journée avait commencé tôt comme d'habitude. J'étais rentrée à pieds (sans me perdre!), un peu tard. J'ai lu un moment, regardé un bout de film...Pas grand chose d'exceptionnel. Soirée qui avance, diner simple...Appel. C'était presque entrer dans la routine, vers 22h, en plein resto, diner officiel, un appel qui vient briser le calme de ma chambre. A chaque fois un peu différemment, un peu vaguement aussi, une proposition pour se retrouver plus tard, à tel ou tel endroit. Au début de la semaine, j'étais à chaque fois déstabilisée, ne sachant pas où j'allais et comment y aller. Là c'était juste une question d'enfiler ses chaussures et de décoller.
Petit moment délicat où je croise le mari de ma tante en traversant le salon. Un simple "je sors"...suivi d'un "maintenant?" "oui je rejoins mes amis français". Aucun problème, pas de remue ménage, personne d'autre à prévenir. Je rentre quand je veux. Bon...easy.
Il parait que mon cousin (maintenant parti) l'a fait avant moi...La joie d'avoir un(e) aîné(e)!

Un premier verre dans le centre ville chic, en compagnie réduite, puis malgré moi (et mes chaussures inadaptées) je me laisse entrainer dans une des grandes boites libanaises. Au menu : techno, vodka, créatures de rêve, délégation d'étrangers. Un peu de danse, juste assez pour que ça me manque encore plus. Voir du monde, ne pas se sentir déplacer, se dire que peut être on peut s'amuser là dedans un petit moment.
On se lasse vite, et sans scrupule puisqu'on n'a rien payé, on sort. Certains sautent dans voitures et taxis, moi je préfère parcourir à pieds ces rues dans lesquelles je sais nouvellement me retrouver. Il est peut être 4h du matin. Il fait frais sur la terrasse du septième étage. Les lumières qu'on surplombe indiquent la route qui sillonne vers la Bekaa.

On parle encore longtemps. Des silences un peu plus long s’installent. A moitié assoupie, je vois le ciel devenir gris. La lumière change, pas vraiment le jour, mais les lampadaires au loin ne scintillent plus de la même manière. Quelque part un rayon a percé, levant le brouillard sur les pentes et un semblant de rosée. Il est temps de rentrer, c’est l’heure à laquelle je me lève d’habitude.

Cette ambiance de petit matin est inimitable. Les quelques moteurs qui tournent font autant de bruit que les files de voitures de la journée : vieux minibus qui emmène toute la famille, père, mère et nombreux enfants en uniforme à l’école et au travail ; camion de livraison tournant au mazout, fumée noire et odorante. Les concierges des immeubles sont levés et passent la tête à la fenêtre ou par la porte entrebâillée au passage d’un étranger. Les chats rodent sachant l’heure du petit déjeuner. Les fours (boulangeries) fument et font voler des nuages de farine. De vieilles femmes marchent, on ne sait trop vers où : la maison du fils, pour garder les jeunes enfants, l’immeuble voisin pour le premier café et pour battre les cartes qui occuperont toute la journée.

Par rapport à la plénitude quand le jour bat, la vie est parsemée au point du jour. On peut distinguer les voix qui s’interpellent. Les chauffeurs de taxi ne sont pas encore assez alertes pour klaxonner les piétons. Les sons s’individualisent, puis après ils s’empileront, comme les lignes d’un orchestre pour jouer la symphonie tintamarresque de la journée.

La plupart des rues restent vides dans le dédale de la colline d’Achrafiyé. L’odeur du jasmin encore en fleur se diffuse d’autant plus en ces heures. La lumière rose accentue les tons ocre-jaune des façades, et le jardin pépie de mille oiseaux venus trouver, pour chanter le jour, les seuls arbres du quartier. Ca volette entre les fleurs du bougainvillier, pique des prunes, et sert de réveil matin. Sauf quand c’est l’heure qu’on choisit pour se glisser dans son lit.

2 commentaires:

  1. Je lis je dévore je savoure...
    1000 bisous ma Chris

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  2. La magie du petit matin, toujours un bonheur.

    Bises.

    Sylvain

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