Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

lundi 24 mai 2010

"el sôt el hawa"

On raconte une histoire à propos du Hermel, qui dit que durant le mandat français une dizaine d'hommes se réfugièrent dans cette montagne reculée afin d'échapper à l'hégémonie repandue sur le territoire. La légende raconte qu'on les retrouva morts, avec une inscription qui disait "ce n'est pas la faim, ni la soif, qui nous a tué, ce sont les cris du vent" ("sôt el hawa" en arabe)

Le trajet nous a pris quatre heures, avec des détours par des sources pures et très froides dans lesquelles nous avons plongé. Un trajet au milieu de paysages qui se vident, par une route surprenante, jusqu'à cette région reculée. Là plus rien, que qq tentes de jute montées par le propriétaire du gigantesque terrain classé réserve naturelle. Et le vent qui roule sur les pentes, les rochers, les sommets, déplaçant les nuages, emmêlant les cheveux ; criant aux quelques âmes présentes pour l'entendre l'histoire de ceux qui avaient cru leur son territoire. Un crépuscule et une aube. Des repas simples des produits de la montagne. Un véritable café (turc ou libanais selon les écoles) pris à 6h du matin avec les guides. Des conversations en arabe des enfants de la région qui en développent les activités mais en conservent les paysages.

Nous avons descendu la rivière en rafting, revenant progressivement le long de son cours à la civilisation. Mais la fraicheur et la transparence de l'eau rappelaient d'où elle venait, et le havre que nous venions de quitter.

mardi 11 mai 2010

autour des municipales

Des cousins, tantes et amis étaient rassemblés dans le salon, ça parlait politique (nous sommes en pleines élections municipales). On a tenté de me soudoyer : ma voix à Zahlé pour les forces libanaises aurait pu me rapporter 200$! Je n'y suis pas allée...mais la discussion était intéressante. Les motivations pour voter, choisir, s'abstenir ne ressemblent à rien de ce que nous connaissons : lui aura voté un tel parce qu'on l'aura payé, lui aura choisi le cousin de son oncle parce qu'il est le cousin de son oncle, elle se sera abstenu parce qu'on n'a pas fait assez vite les papiers de son fils. Chez moi tout le monde vote dans la montagne.

A Beyrouth, j'ai observé les festivités de la soirée électorale : musique à fond, feux d'artifice, et commentaires incompréhensibles en arabe littéraire jusqu'à une heure du matin dans des hauts parleurs qui étaient très proches. Et aussi des hordes de soldats déployés pour la sécurité...par groupe de 30 à chaque carrefour.

lundi 3 mai 2010

as a flower blossoms

On ne les voit pas, les buissons sont cachés, protégés des regards par leurs propriétaires. Mais dans les maisons, les fleurs fleurissent dans des bols, et embaument les appartements. On les offre le matin, pour qu'elles parfument leur porteur toutes la journée. Avce les premiers boutons de jasmin, des hordes de gardenias. C'est le parfum de mai, qui ne me quitte pas. Et les fleurs que je porte toujours dans les cheveux sont vraies, et fânent avec leur dernières effluves le soir posées sur la table de nuit.
Souvent les gens qui me parlent cherchent la source de l'odeur, soupçonnent mon parfum, jusqu'à ce que je leur révèle la petite fleur blanche qui depuis des heures me fait cadeau de son odeur.

lundi 26 avril 2010

La Sublime Porte

Vendredi 16 avril
Après une semaine de déboires je décolle enfin, il est 6h du matin, l'aube rose se lève sur Beyrouth, la nuit commence pour moi et se termine dans une heure et demi. Arrivée sur Istanbul tot dans la matinée. Aéroport qui fourmille, queue infinie à la douane... Là un visage connu.

Un bond hors du temps et du Liban, pour rejoindre des visages disparus depuis qq mois, dans des coins reculés. Un plaisir de voyager vers des nouveaux paysages et des anciens amis. 3 jours de bonheur. Des déambulations dans la ville, ses quartiers changeant, ses pentes, ses pierres, ses odeurs de poisson, son histoire et son présent. Accompagnée de connaisseurs, je ne me suis pas intéressée aux sentiers touristiques, ni aux monuments incontournables (que je ne contournerai pas en juillet). Cette fois c'était la ville vécue de l'intérieur, les commerçants turcs, les habitudes de qui a vécu là.

Il y a des liens aux gens qui deviennent exceptionnels par ce qu'on partage de rencontres dans des lieux incongrus. Paris, Beyrouth, Istanbul, Belgrade (?). Toronto, PAris, Istanbul [rencontre ratée!], Paris (dans pas si longtemps). Des amis qu'on voit peu, des histoires qui ne se promettent rien, des souvenirs qui tissent un futur qu'on souhaite pavé de retrouvailles. Et une foule de possibilités, une certitude incertaine, que des lieux aussi indéfinis soient ils nous verrons nous retrouver. Un gout partagé du voyage, de l'échappée, des fissures inattendues dans le quotidien...

vendredi 26 mars 2010

Raid des cèdres

Jusqu'à la dernière minute, on ne savait pas où on allait, ni comment y aller. Un point de rendez-vous culminant sur quelque sommet, du côté des cèdres (oui mais lesquels?). On savait ce qu'on allait faire : marcher.
Les indices dont nous disposions : une fréquence annuelle pour cet événement, une supposition qu'il y aurait de la neige, un liste de matériel, beaucoup de km, des organisateurs non civils. C'est tout.
Nous avons donc serpenté sur les petites routes de la Kadisha, serpentant d'autant plus que nous devions louer des raquettes pour la neige (qui pourtant semblait nous avoir fait faux bond) qu'il y aurait sur le chemin.
Jusqu'au dernier tournant, nous ne voyions rien. Que les pentes qui verdoient et le bleu du ciel dans lequel de blancs nuages courent.
Et tout à coup, un cèdre vert sur un fond blanc, encadré de rouge : un drapeau qui flotte au dessus de tentes dont je reconnais l'aspect : comme au Sénégal, surement des restes de l'armée française légués aux jeunes pays non équipés il y a de nombreuses années. Nous y sommes, toujours aucune trace de neige à environ 1400m d'altitude.
De grands buchers sont dressés à distance raisonnable des tentes, ils seront la lumière de la soirée, veillée durant laquelle on échangera avec les militaires qui ont grandi là et on goutera le pain encore fait à la main par leur maman.

Réveil 4h du matin, la nuit a été courte. Nous fixons nos numéros et nos raquettes sur les sacs à dos. Notre petite équipe est bien réveillée et impatiente de partir. Les bouteilles d'eau, les provisions, les pulls supplémentaires, les raquettes (surtout les raquettes) pèsent lourd.
5h : DEPART. Les militaires qui participent partent en courant, nous marchons d'un bon pas. Les 5 premiers km se font sur une piste tracée, pas un reste de neige. Les participants se déploient sur le flan de montagne, et cette file qui grimpe s'étire doucement et se brouille dans le lointain et la lumière grise du petit matin.
Petit à petit le dénivelé qui dure, et le soleil qui pointe un visage rosatre derrière le voile blanc du ciel et les montagnes environnantes nous font ranger un pull. Nous sommes mi mars, à plus de 1500m d'altitude, mais le col roulé est bien suffisant.
Le rythme est bon, le moral incroyable, le paysage qui nous entoure délicieux. On continue l'ascension. Ici et là on traverse des creux qui ont gardé un peu de neige. Juste de quoi avoir les pieds mouillés et ramasser de la boue qui glisse sous nos semelles. Petite douleur qui se promène dans les mollets, sac qui pèse un peu plus sur les épaules.
Au sommet (c'était un faux sommet, il a fallu monter encore après), la vue et le vent nous coupe le souffle. La course nous attendra, on savoure ce moment et la petite pause qui l'accompagne. Sur l'autre versant, il y a plus de neige, mais toujours pas assez pour nous convaincre de chausser les raquettes.
Il y a eu encore deux longues montées (plus tard, il a été déduit que nous avons eu affaire à quelques 1000m de dénivelé positif). Mais surtout une descentre, sur une pente venteuse mais à l'abri du soleil. Je l'ai dévalé en m'enfonçant dans la neige plus haut que les genoux. J'ai récolté là quelques dernières miettes d'hiver, des rappels d'après midi canadiennes...
Au final, 6h et 18km plus tard nous sommes arrivés en bas sous un soleil radieux. Nous avions couvert à pieds la distance entre la forêt de cèdres de Tannourine et celle de la réserve qui a donné son nom au village : Les cèdres. Point de départ et d'arrivée symbolique, vous comprendrez que les libanais aiment leur arbre.

jeudi 18 mars 2010

Un des derniers matins de pluie

aujourd'hui je rêve de Paris, la pluie d'ici y ressemble un peu. j'ai en tête les chansons qui parlent de la belle ville. Il me semble que le temps passe très vite, et déjà Beyrouth se termine. Je suis à une cinquantaine de pages de la fin de mon projet. Dans ma tête je suis prete à voyager. Les étapes ont été avalées, il ne reste qu'une longue ligne droite. Il est dit que je rentrerai, avant ça plus rien de semble exister. Aujourd'hui s'ouvre la parenthèse...

mardi 9 mars 2010

Le Khamsin

Depuis hier une chaleur accablante s'est abattue sur Beyrouth et les montagnes environnantes. Le soleil qui brillait dimanche, alors que nous observions la mer s'est progressivement laissé avaler par un ciel d'une blancheur éblouissante. On croirait que la neige arrive si on observe de l'intérieur cette couleur uniforme. Mais quand la porte s'ouvre, ce n'est pas la douce blancheur qui virevolte, mais un sable si fin qu'il est invisible et pique les yeux sans y laisser de trace.
Les rafales sont celles d'une tempête, mais la fraichur est à l'abri du vent. Le vent, lui, brûle, chauffe et étouffe par sa force, sa densité et sa chaleur.
C'est le Khamsin arrivé du désert, qui souffle sans répit depuis hier, remplissant les creux entre les pierres de cette poussière qui s'accumule d'habitude moins rapidement et emmenant dans ses rafales les meubles d'extérieur.
L'odeur même mélangée aux effluves de la ville rappelle le sahel et ses parfums uniformes de sable chaud. Et la ville semble emmurée dans un air poussiéreux et gris.

lundi 1 mars 2010

anecdote libanaise

Une soirée de novembre, alors que Jamil me faisait découvrir un petit bar bien caché de Hamra et que Christophe renouvelait un peu trop souvent les verres vides sur la table, j'observais la salle dont la densité d'occupation était parfaite : pas une table vide, mais pas un espace trop plein.
Juste derrière nous se trouvait un homme et une jeune fille qui discutaient avec une apparente complicité chacun sur son tabouret et dans une distance toute honorable. Plus la soirée avançait, plus mes pieds me démangeait de me lever et danser, plus les clients de la table de derrière se parlaient dans l'oreille, plus les sourires fleurissaient qui disaient le bien-être de chacun et la détente qui régnait.
Je ne sais plus quelle chanson avait opéré le charme, mais finalement moi et les voisins de la table d'à coté, plus ou moins au même moment nous étions mis à danser. Causant après ce qui avait duré qq minutes un échange de sourires et de compliments, quelques paroles, et de nouveaux prénoms.
Alors que nous partions, ils étaient encore à la même table, assis cette fois du même coté, sur le meme tabouret.
Lui, je l'ai revu souvent, alors qu'Eli mon ami barman me présentait à ceux qui peuplent sa vie (autres barmen, serveurs, et habitués de la nuit beyrouthine). Il parait qu'il travaille dans un bar de Hamra que j'ai découvert beaucoup plus tard. A chaque fois un salut chaleureux quelques mots échangés...Banalité de petite ville, où l'on revoit les gens au hasard et où les visages deviennent très vite familiers.

Elle, jamais recroisée. Jusqu'au weekend dernier. J'étais dans ma chambre en train de lire après un repas du dimanche, familial comme à l'accoutumé. J'entends une nouvelle voix, des salutations qui fusent de la demi douzaine de personnes présentes au salon. Laissant mon livre, je passe la tête dans l'embrasure de la porte et entreprends de diriger mes salutations vrs les nouveaux arrivants. Lui : mon cousin éloigné que j'avais parfois croisé. Elle a priori une inconnue, dont le visage me dit quelque chose et dont la voix m'avait interpelée. Un regard, deux regards, enfin je la reconnais : la même fille que celle du petit bar! Sourire en coin, je la vois se tordre les mains.
Quand ma tante nous présente, je reste silencieuse, mais c'est elle qui dit "oui oui on se connait". Erreur, elle va devoir expliquer. Elle s'emmêle dans des dates, des accompagnateurs... Elle a rencontré mon cousin en novembre, et lui a l'air d'un homme assez jaloux. Aujourd'hui il vient la présenter officiellement à la famille Ca sent le mariage.
J'ai orienté la conversation sur combien ma soirée était déjanté pour éviter de parler de la sienne...Le subterfuge a fonctionné.
Décidément ce pays est trop petit pour garder ces mentalités. Et c'est un peu effrayant de voir comme il est facile de calomnier quelqu'un, si on en a envie...

lundi 22 février 2010

forêt de pins

ces géants au large chapeau, qui laissent tomber pignons sur route, ont des pins la verdure et des airs de géants. Êtres déguingandés, ils découpent leurs formes biscornues sur les nuages qui, aux sommets éternels, tiennent conciliabule. A leurs pieds leurs épouses plient l'échine sans relâche. Et aux creux de leurs mains elles récoltent tendrement ces petits berceaux noirs qui abritent leurs enfants.
A couvrir de ses soins les graines si précieuses, la fiancée du pin porte les cheveux blancs de patience. Vous la verrez souvent, pendant des heures durant une pierre à la main, libérer de leur coque les fameux pignons de pins. Au rythme des coups, chaque pignon s'émancipe et la fiancée du pin a les mains qui noircissent.
Ces couples atypiques, vieille femme et arbre épineux donnent à ceux de la ville, les derniers gouts d'antan, à force de travail et de longueur de temps.

mercredi 17 février 2010

bridging the gap, s'émanciper des souvenirs ou du présent?

J'ai toujours beaucoup aimé cette expression en anglais, pour son caractère imagé sans vraiment me pencher sur la signification de ce slogan. Je me suis retrouvée à essayer de traverser un pont dressé seulement à moitié sur un fossé qui continue de se creuser dans les mémoires.
De quel gouffre parle-t-on? La rue de Damas, ou bandeau infranchissable entre Beyrouth est et ouest pendant la guerre. Aujourd'hui on passe outre, Hamra étant un quartier très couru le samedi soir. Mais à part les qq ilots de mixité, les quartiers sont encore très marqués par les séparations religieuses et communautaires.

Tout a commencé par une annonce en arabe, déchiffrée par Juliette, parlant d'un appartement à Ras el Naba. A tout hasard nous sommes allées visiter les lieux. Quartier populaire et musulman : une fois traversé la grosse route qui mène vers l'aéroport et les banlieues sud, chiites, les églises laissent place aux mosquées, les enseignes ne sont qu'en arabe, et les femmes sont majoritairement voilées. Mathilde et moi dans une chaude journée de travail trouvions nos jupes un peu courte en face de la femme du propriétaire. Mais nous étions les seules gênées.
C'est là que la légende s'arrête. Contrairement aux propriétaires chrétiens, au jeune couple dont on avait voulu l'appartement, ces soixantenaires n'ont pas fait la moue à l'idée que nous allions vivre avec un garçon ; ils n'ont pas non plus fermée la porte parce qu'on ne voulait louer que pour qq mois ; ni exigé que les visites soient limités. Bref, ils auraient fait de bons voisins de pallier.

Sauf que, le fossé n'était pas encore traversé. Une seconde visite, le pied du mur, la localisation donnée aux parents. Les choses ont pris un autre cours. La séparation reste infranchissable pour ceux qui ont vécu la guerre, et si ce n'était pas une interdiction, c'était un discours responsable et convaincant sur le risque que présentent ces quartiers où ont commencé les derniers "événements" de mai 2008. Les "si" qui planent sur le Liban se sont concrétisés au dessus de nos têtes : si qqch arrive vous êtes coincées chez vous, si les routes sont fermées vous n'allez nulle part, si on tire c'est d'abord dans les quartiers frontaliers, si l'on se bagarre c'est ici, si vous vous habillez autrement vous devenez pour certains des putes ou des blasphèmes ambulants avec les conséquences de ces étiquettes... Avec des si on voyait notre vie enfermées. Comment faire la part des choses entre le vrai et le mythe, la généralisation et la confiance qu'on a dans les individus qui seraient nos voisins, épiciers...
A ça s'est ajouté le débat qui piétine souvent dans ma tête : revenir à mon mode de vie indépendant ou continuer à vivre comme les autres libanais, dans la famille. Avec ses conforts et ses contraintes. Et devoir, si je m'en allais, justifier mon départ, sans avoir l'air de claquer la porte et dire que je n'avais pas apprécié ces nombreux mois.
Pour tout ça et en même temps sans vrai raison, nous avons renoncé à l'appartement. Je ne saurai dire d'où venait la décision, qui m'a faite pencher irrationnellement vers le choix rationnel de laisser mes parents dormir en paix, de maintenir le fragile équilibre familial dans un statu quo apaisé et de ne pas prendre cet appartement, ne pas m'installer de l'autre côté, ne pas aller au plus audacieux.

lundi 15 février 2010

et sur leurs fronts une croix de cendres

Premier jour du carême, pour marquer le début du jeune, une croix est tracée sur le front avec une poudre noire. Les plus fervents jeunent toute la journée, les autres le matin. Plus de dessert, ou de boissons alcoolisées. Voici les 40 jours de sobriété.
A la maison, il va falloir s'y plier.

jeudi 11 février 2010

une identité

Du roman de Kundera au sens mathématique du mot en passant par les débats actuels qui font rage en France, je reviens avec un titre bien pompeux pour un message en retard mais ancré dans le temps.

Dimanche 31 janvier 1h00 : Je fais mine de sortir du bar, je fatigue et le lendemain Maud et moi voulons sortir de Beyrouth. On me retient, m'arrache mes affaires des mains et détourne mon attention du départ pendant quelques minutes. Il fait toujours plaisir que sa présence soit appréciée.

Dimanche 31 janvier 1h30 : Je reviens là où mes affaires ont été posées. Mon sac est grand ouvert, mes clés par terre, je me maudis de ma négligence, étonnée quand même d'avoir pu laisser mon sac ainsi ouvert. Je ramasse et remet tout dedans. Là je réalise qu'il est vide. Le porte-feuille qui occupait l'espace de ce petit sac a disparu. Je regarde à coté de l'endroit où j'ai ramasse mes clés : rien. Sans paniquer (janvier/février : mois du flegme dans le cycle de ces dernières années), je cherche plus méthodiquement, vérifie et confirme l'impression : il ne reste dans mon sac que mon ipod et les clés abandonnées.

Dimanche 31 janvier 1h37 : Appel au centre de gestion de crise (aka papamaman). On fait opposition à la carte bleue, on liste les papiers perdus, on se fait conseiller de rentrer bien vite.

Dimanche 31 janvier 2h30 : Après une marche dans les rues de nuit, je me couche, la rage apaisée, mais ma bêtise grogne encore et m'empêche de dormir.

Dimanche 31 janvier 7h30 : Réveil spontané avec en tête l'inventaire de mon sac vidé (carte bleue, carte d'identité libanaise, permis de conduire, un peu d'argent et documents insignifiants)

Dimanche 31 janvier 10h30 : Départ pour Jbeil, oublions tout cela, j'ai assez d'argent pour les prochains jours, on avisera.

Lundi 1er février 11h: passage au consulat, de bureau en secrétariat, c'est dans une salle d'attente qu'on m'annonce la nécessité d'aller d'abord déclarer le vol aux autorités libanaises.

Mardi 1er février 9h: Visite du commissariat de Gemmayze, à l'entrée duquel on me dit que c'est au palais de justice qu'il faut déclarer un vol datant de plus de 24h.

Mardi 1er février 9h25 : passage par l'USJ où je récupère une escorte pour me rendre au palais de justice

Mardi 1er février 9h35 : arrivée à la première porte du PdJ, on annonce que l'entrée du public est à la prochaine porte.

Mardi 1er février 9h42 : On a contourné tout le batiment et passé 4 portes avant de trouver la bonne. On nous fait traverser la rue.

Mardi 1er février 9h45 : On s'adresse au vieux monsieur assis sur une chaise en plastique dans le garage pour qu'il écrive ma déclaration en arabe. Liste des papiers volés, noms, coordonnées, origine des parents, raam el sejel (numéro d'immatriculation de la municipalité libanaise dans laquelle je suis enregistrée)...Inconnu.

Mardi 1er février 9h55 : Enfin le monsieur nous remet le papier. On retraverse la rue pour le faire tamponner au 1er étage.

Mardi 1er février 10h : libérées du premier bureau il faut trouver le supérieur pour aposer un autre tampon. Du 1er au 3e étage.
On demande plusieurs copies du document afin de faire les démarches auprès des institutions libanaises ET françaises.

Mardi 1er février 10h24 : on attend toujours le tampon nécessaire à l'obtention de duplicatat du document. Puis on redescend dans le premiers bureaux pour obtenir une photocopie.

Mardi 1er février 10h46 : Retour au commissariat pour faire la déclaration de vol. Arrêtée par les gardes de l'entrée

Mardi 1er février 11h : on me laisse enfin passer en m'indiquant un bureau. Là un officier ne parlant pas un mot de français prend mon papier et se met à grifonner dessus. Il reprend mes coordonnées, non sans m'avoir redemandé mon raam el sejel (toujours inconnu). Il me fait comprendre que je dois revenir dès leur appel dans qq jours mais qu'en attendant il garde mon papier pour le faire tamponner. Aposer un tampon prend donc 3 jours.

Jeudi 3 février 7h : ma journée commence, avant de partir en syrie j'ai une visite d'appartement, je dois déposer des affaires chez moi, et revenir chercher Maud. Rien ne se passe comme prévu. C'est le moment où je réalise que dans le sac dévalisé se trouvait aussi mon appareil photo!

Jeudi 3 février 10h40 : Retour au point de départ, on prend nos sacs et direction la gare routière.

Jeudi 3 février 12h02 : Le bus démarre vers la Syrie mais en passant par la route longue.

Jeudi 3 février 12h40 : Le commissariat appelle pour me dire de venir récupérer mes affaires, qu'ils ont tout retrouvé! Je ne veux pas y aller, on me permet de ne revenir que mardi soir en rentrant.

Jeudi 3 février 16h : passage de la frontière, je ne peux sortir du Liban sans preuve de mon identité libanaise (malgré le visa posé sur mon passeport français).

Jeudi 3 février 16h16 : Appel du douanier au Commissariat pour obtenir un fax de ma carte d'identité libanaise qu'ils ont annoncé avoir retrouvée.

Jeudi 3 février 16h18 : la carte n'est pas retrouvé, le commissariat ne sait pas de quoi on lui parle...retour à la case départ, il me faut une preuve de ma nationalité libanaise.

Jeudi 3 février 16h25 : mon papa est mon héros, il m'avait toujours dit de balader avec moi mon passeport libanais périmé depuis 2004. Je peux finalement quitter le territoire comme franco-libanaise.

Jeudi 3 février 18h16 : Je suis sortie du Liban franco-libanaise, j'entre en Syrie Française (payant donc le visa gratuit pour les libanais)

[ellipse damasienne]

Mardi 9 février 19h15 : Passage de la frontière syrienne, paiement d'une taxe de séjour (aussi inextistente pour les LIbanais).

Mardi 9 février 19h45 : Passage de la frontière libanaise, le douanier me reproche ma nationalité libanaise non méritée vu mon arabe balbutiant. Welcome! Soyez la bienvenue! Comment se sentir chez soi... A nouveau il me demande mon raam el sejel, encore une fois je ne le connais pas. Il prend le numéro de mes parents et de mon grand père pour faire son enquete. A cette heure tardive, j'imagine les mines inquiètes de ces trois personnages si un douanier les appelle à mon sujet. Il semble vouloir me retenir jusqu'à ce que je le provoque avec un provocateur "Chou el mechklé?" (C'est quoi le problème?!). Il ne doit pas avoir assez pour me retenir, il me rend mon passeport et me laisse passer, sans avoir appelé les autorités parentales.

Mardi 9 février 21h : Commissariat de Gemmayze, on me regarde, on m'écoute, on rigole, on s'excuse. Aujourd'hui est un jour férié, ceux qui m'ont dit de passer chercher mon papier ne travaille pas aujourd'hui!

Mercredi 10 février 10h : RE Commissariat de Gemmayze, on me regarde, on m'écoute, on se gausse, on ne comprend pas. Je passe en force en disant que je vais au troisième étage et que si qqcn parle français ou anglais qu'il m'accompagne. Je me fais escortée vers le 1er étage où l'on m'envoie au troisième.

Mercredi 10 février 10h14 : J'interromps le petit déjeuner fastueux des officiers, celui que j'ai vu mercredi dernier ne veut pas me reconnaitre. On me fait redescendre, mon papier est ailleurs.

Mercredi 10 février 10h30 : 2e étage, devant un autre officier qui ne parle pas un mot de français ou d'anglais, on me reproche encore mon mauvais arabe et ma nationalité. On remplit à nouveau des papiers que je ne peux pas lire, on retrouve celui griffoné mercredi dernier...On m'envoie au 3e étage.

Mercredi 10 février 10h38 : On échange en arabe, on montre des papiers, on se regarde, on s'attarde sur moi, on se reregarde, on s'interroge. On me renvoie en disant que le papier est avec le sergent X et qu'il ne sera la que vendredi.

Mercredi 10 février 11h : Flegme. Je remets ma musique sur mes oreilles et reprend le marathon de la matinée, direction la fac et le boulot. Très fort The Kaiser Chiefs jam sur leurs guitares en chantant "Every day I love you less and less". On me tappe sur l'épaule.

Mercredi 10 février 11h04 : Un officier de la police libanaise se tient derrière moi essouflé, disant qu'il a couru les 60m qui me sépare du commissariat, et m'escorte pour qu'on me fasse mon papier.

Mercredi 10 février 11h08 : On entre sur son "Ya kharam..." (la pauvre, je suis allée la chercher le papier est dans le tiroir du bureau, pas besoin d'attendre le sergent X) Je ne saurais vous le rendre en arabe, mais je l'ai compris.

Mercredi 10 février 11h12 : retour au 3e étage, on m'installe devant le bureau d'un officier (surement plus haut gradé que les autres, à croire qu'ils grossissent avec le grade!). Il me regarde avec ces mêmes yeux torves vus vingt fois ce matin là, puis examine le papier que mon escorte lui tend. Nous regarde successivement, et annonce qu'il lui faut deux heures pour régler ça.

Mercredi 10 février 11h30 : je sors du commissariat, pas plus avancée qu'avant.

Mercredi 10 février entre 12h et 14h : j'attends l'appel...Qui ne viendra jamais.


TOut cela pour dire que j'ai perdu mon identité libanaise, et que je suis encore moins bienvenue ici que le touriste français de base qui voudrait légitimement déclaré un vol de porte-monnaie. A priori cette carte c'était rien, elle ne me servait jamais. mais voilà que pour la renouveler il va falloir ressentir à chaque fois que je n'appartiens pas à ce pays que je finirai par rejeter autant qu'il me rejette.

Pour l'amour de la bureaucratie!

mercredi 3 février 2010

delayed

Plus il y a des choses à dire plus les plumes sont muettes, ou lourdes aux poignets fatigués de transporter des sacs et de prendre des notes.

La vadrouille a marqué ces semaines, mais l'encre n'a laissé aucune trace.

Pour vous avertir pour une fois de son silence.

Demain, la route, la neige, et la frontière.

A la semaine prochaine.

mercredi 27 janvier 2010

lundi, journée de deuil

Ici le deuil est volubile, expressif, c'est une pleureuse dont les lamentations doivent porter plus loin que les autres.
Ici le deuil est noir, c'est un habit que chacun revêt pour un proche parent ou une lointaine connaissance.
Ici le noir est de circonstance, c'est la couleur que tout le monde doit afficher.
Ici la France est en deuil, c'est l'hommage qu'on attend de tous les expatriés.

Lundi, ce si petit pays s'est entièrement voilé de noir, sous un ciel qui riait aux éclats de soleil.
Sur les plages venaient s'échouer d'absurdes objets amenés par les vagues qui innocemment nourrissaient les sources d'autres eaux salées.
90 personnes, pas une famille n'est pas touchée.

Maintenant place aux rumeurs...

Sous les trombes d'eau et dans les souks

J'ai fini par aller à Tripoli samedi. Il s'est mis à pleuvoir très vite, très fort, alors que le matin à Beyrouth promettait une magnifique journée ensoleillée. Nous avons erré à l'abri des baches qui couvraient plus ou moins bien les souks. La pénombre qui régnait là était amusante, toujours à cause de la pluie, de son gris et des coupures d'électricité qu'elle provoquait. C'est à l'aveugle que nous avons mangé dans une mininuscule boutique où des matrones orientales venaient chercher du moghlabiyé (un plat traditionnel, qu'on dit très dur à préparer et qui nécessite un genre de pates fraiches qui ne sontplus produites que par de très rares commerçants) cuisiné par le vieux monsieur. Les grands yeux noirs de son petit fils regardaient ces trois droles de filles qui partageaient une assiette qu'il avait vu dévorée par plus petit que ça. Lui se tenait dans le seul coin de lumière de l'échoppe entre le faible jour qui se glissait dans cette étrange c(t?)averne et le feu qui chauffait l'immense gazinière.
Nous avons observé les imposantes barbes de la grande mosquée, couvertes de ces capes muticolores dont on affuble les occidentales à la provocatrice différence de teint.
Rien à voir avec Beyrouth encore une fois. C'est presque plus beau, puisque débarassé de cette mégalomanie et cet orgueil qui donnent l'impression aux chantiers beyrouthins d'être de nouvelles Babel. C'est plus pauvre, plus humble, plus pieux. Et avec cette gravité posait là par le poids de l'histoire et des vieilles pierres, perdues dans cette ville qui mélangent les époques.

lundi 18 janvier 2010

La Bekaa

La route est visible, reconnaissable, légendaire, avec ses serpents lumineux qu'on voit grimper du coeur de Beyrouth le long des flancs de montagne. Vers l'Est, l'orient qui s'approfondit, l'intérieur des terres, la Syrie le désert.
Route stratégique, théâtre des affrontements, nerf de la guerre. Ce cordon partage Beyrouth en deux, puis plonge dans les hauteurs, et redescend vers la fertile plaine.
Elle est un risque en elle même cette route, asphalte en mauvais état, conduite incontrolée, ravins visités par les accidentés. Cauchemar qu'on ne peut éviter, chacun un jour doit traverser, passer le premier col, pour finalement être récompensé.

Un virage, et l'humide plaine se déploie. Anciennement marécageuse, les villages -qui abritent des vestiges racontant sa position déjà stratégique dans l'antiquité- grimpent sur les pentes pour rester hors de l'eau. Une vue incroyable de la route, sur la succession de virages et la profondeur de la vallée. Quelques panaches de fumées s'élèvent ajoutant à la difficulté de percer le voile de mystère. Alors qu'on descend se précise les contours, les motifs, les découpages de parcelles agricoles. Un air de campagne, mais une campagne qui parait meurtrie. Les herbes sont abondantes mais courtes, les arbres très rares. Des dizaines de kakis attendent d'être cueillis,-taches orange vif dans un verger marron et gris, mais ont déjà pourri.
Les murs sont aussi gris qu'ailleurs, de ce béton nu et froid, auquel n'échappent que les riches villas trop modernes pour la rusticité des lieux.
A Anjaar, village arménien, on nous offre le café sur une table en pierre posée dans l'arrondi de terre créé par le tournant d'une rivière. Alors que l'eau est chauffée sur une gazinière dans la maison, le repas mijote sur un feu de bois extérieur contenu entre des briques, surveillé par la femme du jardinier druze aux doigts amputés.

Puis nous nous dirigeons vers Quaraoun, lac créé suite à l'élévation d'un barrage. Nous sommes à quelques km de la Syrie, des cols de montagnes se dessinent, frontière naturelle, ligne immatérielle. On ne sait pas vraiment à qui appartient tel ou tel sommet enneigé.
Au bord de l'eau nous profitons du soleil qui a promis de disparaitre ces prochaines semaines. Nous nous asseyons sur les pierres cassantes, faisons des ricochés, écoutons les échos des coups de fusil des chasseurs alentour.

Au détour d'une route, en vue des sommets, ce pays est fascinant dans sa juxtaposition paradoxale de paysages, des vues splendides à coté d'ignobles batisses en béton et des traces d'une urbanisation galopante.

Mais rarement un terrain a été autant chéri par les habitants d'un pays, pour le sang qu'il a couté, les générations qu'il a nourries, la brèche qu'il a ouverte, les convoitises qu'il a inspirées, l'histoire qu'il a écrite...

mardi 12 janvier 2010

What the hell are you doing here?

On m'en a demandé plus sur mon travail, on m'a dit que je ne décrivais pas suffisament ce que je fais et vis ici. Voici ce que j'avais écrit en réponse à tout ça. Un message qui aurait du être dans les premiers publiés, si j'avais été capable de l'écrire assez tot.

Les libanais, les jeunes surtout, se demandent pourquoi on aurait l'idée de quitter notre paradis européen, fait d'universités gratuites, de rues propres, de politiciens honnêtes (no comment) et de gros salaires pour venir ici : dans la saleté, la corruption, la plutocratie, et la misère ("mais tu comprends la voiture décapotable c'est maman qui me l'a offerte, moi je gagne rien"). Avant même que le coq français puisse chanter, le liban a été renié plus de trois fois pour ces luisants ailleurs et les belles idées qu'on s'en fait. Il faut alors expliquer, non non je ne suis pas folle vous savez. Ni masochiste d'ailleurs. Je n'ai pas non plus un amour sans borne pour le pays ou pour les hommes machos et bruns qui roulent des mécaniques inexistantes (sauf celles du moteur de la dite décapotable).
Un peu plus joliement dit, et pour des gens, comme mes lecteurs, qui n'imaginent pas que je suis venue là trouver un mari, je peu le dire comme ça :
Ce n'est pas un retour à la source, un voyage initiatique vers mes racines lointaines et oubliées, une reconnexion à la terre de mes ancêtres, une conscience soudaine de mon identité...
Ici je travaille, enfin non j'étudie, enfin non je travaille...enfin en fait les deux : je fais de la recherche. Thésarde? Non. Mémoire de master? non. Chercheur? (même si cette question là personne ne la pose puisque personne n'est chercheur à 16ans et que c'est l'âge qu'on me donne) non plus.
Une année de césure, une année pour prendre mon temps, me débarasser du sentiment désagréable émergé en janvier février dernier de n'être pas à ma place dans ces études qui tout à coup avaient cessées de faire sens. Un besoin de repartir, parce que Paris, pas plus que Toronto "felt like home". Et pour tout ça, l'obligation de présenter un projet cohérent à SciencesPo, stage ou travail, afin de suspendre ma scolarité.
Et cette opportunité d'aller au Liban travailler sur la pollution de l'air. Un projet de recherche qui me donnerait un aperçu de la vie pour et par la thèse avant que j'y plonge sans possibilité de retour.
Je suis arrivée avec de grandes ambitions, pas pour moi, mais pour mon étude, qui rêvait de dire qqch à qqcn.
Et j'ai découvert le Liban. Ses circuits officieux, ses conciliabules sans fin, ses administrations riches mais sans volonté, ses bureaux engagés mais sans visage...Ses lignes sans voix, ses leaders sans partisan, ses chefs sans équipe, ses mairies sans pouvoir, ses ministères sans ministres et ses ministres sans poste. et j'ai redéfini mon étude.
L'objectif global est resté le même : établir des recommandations de politiques publiques de prévention de la pollution de l'air à Beyrouth. Mais les méthodes ont évolué : armée du visage de la jeunesse sans parti je me suis lancée à l'assaut des forteresses de non-dits, des puits à projets avortés, des institutions de pierres jaunes qui dominent un centre ville façon village Disney. La quête étant de comprendre : qui pourrait mettre des milliers d'euro pour produire des chiffres si ces chiffres ne servent pas à quelque chose?

vendredi 8 janvier 2010

retour

Me voici revenue de trois semaines de vacances et autant de semaines de silence. Un volontaire éloignement de tout, trois semaines pendant lesquelles je n'ai plus pensé au Liban, un repos mérité quand on pense aux labyrinthes qui se tissaient dans ma tête à force de faire des gaffes, de vexer un grand père, d'être réprimander par une tante, de voir encore des amis partir pour de bons...
Trois semaines si pleines, si vides. Majoritairement passées à St Quentin, j'ai aussi parcouru les réseaux ferrés et apprécié leurs problèmes de cet hiver. Je ne suis pas allée partout où je voulais aller, je ne vous ai pas tous vu, je ne vous ai même pas tous parlé. Trois semaines si longues, si courtes.

Un retour. Au travail, lundi. Les quelques jours passés à Paris ont été productifs mais sur d'autres travaux. Il va falloir replonger dans mes recherches ici, s'immerger comme dans le smog marron qui couvrait Beyrouth à mon arrivée. Il y a tant à faire, sans que ce soit réellement défini.

Des appréhensions. Je ne voulais pas revenir et pourtant le soleil qui m'a accueillie, les airs d'été qui font croire que le temps s'est précipité m'ont faite sourire sincèrement. Les plaines gelées laissent place aux palmiers, les saisons se jouent de moi et il n'y a décidément aucune cohérence dans ma valise faite et défaite maintes fois la nuit dernière.

Un weekend pour dire adieu aux cernes et à la pâleur hivernale. Pour replonger dans la musique de la langue, et la solitude de ma chambre.

Je ne sais ce qui de tout cela m'a manqué, mais quelques messages à mon arrivée m'ont dit que je n'avais pas été entièrement oubliée et qu'une continuité s'établira. A moi de voir et vouloir.