Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

mardi 12 janvier 2010

What the hell are you doing here?

On m'en a demandé plus sur mon travail, on m'a dit que je ne décrivais pas suffisament ce que je fais et vis ici. Voici ce que j'avais écrit en réponse à tout ça. Un message qui aurait du être dans les premiers publiés, si j'avais été capable de l'écrire assez tot.

Les libanais, les jeunes surtout, se demandent pourquoi on aurait l'idée de quitter notre paradis européen, fait d'universités gratuites, de rues propres, de politiciens honnêtes (no comment) et de gros salaires pour venir ici : dans la saleté, la corruption, la plutocratie, et la misère ("mais tu comprends la voiture décapotable c'est maman qui me l'a offerte, moi je gagne rien"). Avant même que le coq français puisse chanter, le liban a été renié plus de trois fois pour ces luisants ailleurs et les belles idées qu'on s'en fait. Il faut alors expliquer, non non je ne suis pas folle vous savez. Ni masochiste d'ailleurs. Je n'ai pas non plus un amour sans borne pour le pays ou pour les hommes machos et bruns qui roulent des mécaniques inexistantes (sauf celles du moteur de la dite décapotable).
Un peu plus joliement dit, et pour des gens, comme mes lecteurs, qui n'imaginent pas que je suis venue là trouver un mari, je peu le dire comme ça :
Ce n'est pas un retour à la source, un voyage initiatique vers mes racines lointaines et oubliées, une reconnexion à la terre de mes ancêtres, une conscience soudaine de mon identité...
Ici je travaille, enfin non j'étudie, enfin non je travaille...enfin en fait les deux : je fais de la recherche. Thésarde? Non. Mémoire de master? non. Chercheur? (même si cette question là personne ne la pose puisque personne n'est chercheur à 16ans et que c'est l'âge qu'on me donne) non plus.
Une année de césure, une année pour prendre mon temps, me débarasser du sentiment désagréable émergé en janvier février dernier de n'être pas à ma place dans ces études qui tout à coup avaient cessées de faire sens. Un besoin de repartir, parce que Paris, pas plus que Toronto "felt like home". Et pour tout ça, l'obligation de présenter un projet cohérent à SciencesPo, stage ou travail, afin de suspendre ma scolarité.
Et cette opportunité d'aller au Liban travailler sur la pollution de l'air. Un projet de recherche qui me donnerait un aperçu de la vie pour et par la thèse avant que j'y plonge sans possibilité de retour.
Je suis arrivée avec de grandes ambitions, pas pour moi, mais pour mon étude, qui rêvait de dire qqch à qqcn.
Et j'ai découvert le Liban. Ses circuits officieux, ses conciliabules sans fin, ses administrations riches mais sans volonté, ses bureaux engagés mais sans visage...Ses lignes sans voix, ses leaders sans partisan, ses chefs sans équipe, ses mairies sans pouvoir, ses ministères sans ministres et ses ministres sans poste. et j'ai redéfini mon étude.
L'objectif global est resté le même : établir des recommandations de politiques publiques de prévention de la pollution de l'air à Beyrouth. Mais les méthodes ont évolué : armée du visage de la jeunesse sans parti je me suis lancée à l'assaut des forteresses de non-dits, des puits à projets avortés, des institutions de pierres jaunes qui dominent un centre ville façon village Disney. La quête étant de comprendre : qui pourrait mettre des milliers d'euro pour produire des chiffres si ces chiffres ne servent pas à quelque chose?

3 commentaires:

  1. "Un besoin de repartir, parce que Paris, pas plus que Toronto "felt like home"."
    On en est tous là... C'est bien de le savoir comme ça, si quelqu'un trouve une carte ou une boussole, on peut la partager :)

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  2. En cette année d'anniversaire Django Reihnardtien, le chez soi est-il itinérant ou swing ? ^^

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