Ce blog est un produit de la collaboration Ellichris. Merci à Camille pour la mise en forme

lundi 1 mars 2010

anecdote libanaise

Une soirée de novembre, alors que Jamil me faisait découvrir un petit bar bien caché de Hamra et que Christophe renouvelait un peu trop souvent les verres vides sur la table, j'observais la salle dont la densité d'occupation était parfaite : pas une table vide, mais pas un espace trop plein.
Juste derrière nous se trouvait un homme et une jeune fille qui discutaient avec une apparente complicité chacun sur son tabouret et dans une distance toute honorable. Plus la soirée avançait, plus mes pieds me démangeait de me lever et danser, plus les clients de la table de derrière se parlaient dans l'oreille, plus les sourires fleurissaient qui disaient le bien-être de chacun et la détente qui régnait.
Je ne sais plus quelle chanson avait opéré le charme, mais finalement moi et les voisins de la table d'à coté, plus ou moins au même moment nous étions mis à danser. Causant après ce qui avait duré qq minutes un échange de sourires et de compliments, quelques paroles, et de nouveaux prénoms.
Alors que nous partions, ils étaient encore à la même table, assis cette fois du même coté, sur le meme tabouret.
Lui, je l'ai revu souvent, alors qu'Eli mon ami barman me présentait à ceux qui peuplent sa vie (autres barmen, serveurs, et habitués de la nuit beyrouthine). Il parait qu'il travaille dans un bar de Hamra que j'ai découvert beaucoup plus tard. A chaque fois un salut chaleureux quelques mots échangés...Banalité de petite ville, où l'on revoit les gens au hasard et où les visages deviennent très vite familiers.

Elle, jamais recroisée. Jusqu'au weekend dernier. J'étais dans ma chambre en train de lire après un repas du dimanche, familial comme à l'accoutumé. J'entends une nouvelle voix, des salutations qui fusent de la demi douzaine de personnes présentes au salon. Laissant mon livre, je passe la tête dans l'embrasure de la porte et entreprends de diriger mes salutations vrs les nouveaux arrivants. Lui : mon cousin éloigné que j'avais parfois croisé. Elle a priori une inconnue, dont le visage me dit quelque chose et dont la voix m'avait interpelée. Un regard, deux regards, enfin je la reconnais : la même fille que celle du petit bar! Sourire en coin, je la vois se tordre les mains.
Quand ma tante nous présente, je reste silencieuse, mais c'est elle qui dit "oui oui on se connait". Erreur, elle va devoir expliquer. Elle s'emmêle dans des dates, des accompagnateurs... Elle a rencontré mon cousin en novembre, et lui a l'air d'un homme assez jaloux. Aujourd'hui il vient la présenter officiellement à la famille Ca sent le mariage.
J'ai orienté la conversation sur combien ma soirée était déjanté pour éviter de parler de la sienne...Le subterfuge a fonctionné.
Décidément ce pays est trop petit pour garder ces mentalités. Et c'est un peu effrayant de voir comme il est facile de calomnier quelqu'un, si on en a envie...

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